Comme vous le savez sûrement, notre plan Green Card (EB-3) n’a malheureusement pas fonctionné. Le sponsor (mon client) n’étant pas assez solide financièrement.
Pour un résumé complet de la procédure, regardez la vidéo ci-dessous 🙂 (Ou vous pouvez aussi lire cet article, au choix !)
Le visa qui… foire !
Pour être honnête avec vous, ça n’a pas non plus été une grande surprise. Vu comment le patron gérait les finances de la boite, je suis même étonnée qu’il n’ait pas fermé boutique avant même la décision de l’immigration ! (C’était même une autre de mes craintes si le dossier avait été validé !) C’était aussi ma crainte majeure avant de démarrer le dossier (que le sponsor ne puisse pas démontrer qu’il pouvait me payer) et je crois que les avocates se sont un peu trop fiées à leur intuition (ou aux thunes, au choix) en acceptant le dossier. Il faut quand même savoir qu’elles ne se sont rendues compte des finances de mon sponsor qu’après la première étape de validée soit 6 mois après ! Difficile de faire marche arrière donc… quoique… mais bon intuition ou thunes encore une fois. Dans les deux cas, au moins elles ont touché les 2/3 de leurs honoraires vu qu’il ne manquait qu’une partie à valider ! Et me concernant, j’ai juste eu à débourser 1000$ en frais de reconnaissance de diplômes. Ça peut toujours servir donc ce n’est pas perdu.
Quand j’ai connu mon sponsor, on était en décembre 2017. Je bossais encore à la fac, je venais de me faire larguer par Miami (pas un bon souvenir, souvenez-vous !) et mon but était de devenir freelance à plein temps. J’avais donc besoin de faire autant d’argent qu’avec mon plein temps. Je n’avais pas vraiment de timeline. Je me disais que 2018 serait bien mais bon je n’étais pas mega pressée non plus. J’aimais bien la fac (moins ma collègue horrible bien sûr) et surtout ma manager était géniale.
Mon sponsor était très enthousiaste (en fait, je réaliserai plus tard qu’il avait tendance à être très enthousiaste sur tout, à sauter à pied joint à la moindre occasion, débile ou pas par ailleurs) et à peine on avait échangé 3 mots, qu’il me voyait déjà à GR sous 6 mois avec une Green Card en poche.
C’était à la fois déroutant et parfait. Même pas eu besoin de le convaincre pour faire un processus qui coûtait quand même plus de 20 K !
Mais… bon… comme vous le savez. Les désillusions sont parfois nombreuses…
Le cabinet d’avocat que j’avais choisi était très réputé. Des bonnes reviews un peu partout qui vantaient d’ailleurs les mérites de l’avocate s’occupant de mon dossier et surtout énormément d’expérience en visa EB. Difficile de ne pas les choisir donc, surtout qu’ils pensaient que mon dossier avait 90% de chances de passer.
Sauf que… comme je l’ai précisé, je ne sais pas si l’avocate à l’époque n’avait pas vérifié les finances de la boite avant de prendre le dossier (j’imagine que non), si mon sponsor avait donné des précisions n’importe nawak concernant leurs finances ou si l’avocate avait vu les chiffres et s’étant quand même dit que ça pouvait passer. Les 3 options sont tout à fait possibles.
Mais bref, quand j’ai pris connaissance de la lettre de refus de l’immigration, j’ai eu l’impression que l’avocate nous avait roulé dans la farine.
Il paraissait absolument impossible que l’immigration ait un jour accepté le dossier. Outre aucune des pièces qui n’étaient recevables (et j’avais déjà émis de gros doutes dessus), le cabinet avait en plus élaboré une stratégie qui consistait à montrer un audit des finances disons avantageux à l’immigration. Et je ne sais pas si elles ont elles-mêmes envoyées le tax return et l’audit ensemble (qui montraient des chiffres totalement différents) ou si l’immigration d’elle même a été récupérer le tax return. Dans tous les cas, ça n’avait aucune chance de passer en l’état et quand les avocates ont proposé par la suite des options pour faire passer le dossier en force (alors qu’il avait été refusé et que l’immigration avait été très claire la-dessus) ça m’a mise hors de moi. J’ai vraiment eu l’impression qu’elles s’étaient foutues de notre gueule. Y a pas d’autres mots. J’ai par ailleurs demandé à mon sponsor de ne pas continuer car après quasi 2 ans, je n’avais ni l’envie ni la force de continuer avec ce dossier. (Je m’étais occupée d’absolument tout et quand on sait que les avocates mettaient des plombes à répondre. Bonjour les crises de nerfs !)
Et pour enfoncer le clou, j’ai par la suite contacté une autre avocate pour connaître son avis sur le dossier et sur la lettre de refus de l’immigration. Sans surprise, elle m’a bien confirmé que le dossier ne serait jamais passé.
Outre la GC qui a foiré bien sûr (je suis contente que l’immigration nous ait prévenu fin juin quand même histoire qu’on s’y prépare), j’ai réalisé pas mal de trucs en 2 ans. Ben oui… 2 ans ! C’est énorme n’empêche.
Bilan après 2 ans
Bosser de la maison n’est clairement pas un problème et bosser avec des équipes en remote ne l’est clairement pas non plus. En 2 ans, j’ai travaillé avec énormément de gens qui bossent de la maison et ne voient jamais où quasi jamais leurs collègues ou employés.
Par contre, et comme avec Miami, bosser avec une boite qui n’a pas l’habitude du remote n’est pas forcément évident. Outre cet aspect pas toujours facile à gérer, mais bon on s’arrange, je suis tombée sur une boite (mon sponsor) qui n’avait quasiment aucune expérience avec les clients et pour une agence digitale, c’est disons… compliqué.
En 3 ans de freelance quasi à plein temps, j’ai bossé avec énormément d’agences souvent basées en Californie qui ont l’habitude de bosser avec de très gros clients et livrer très vite le boulot. On est formatés comme ça, et si on ne l’est pas, généralement on part après quelques semaines. Ça inclut emails le week-end, boulot 7 jours sur 7 etc. C’est comme ça, c’est la vie en agence, et en remote c’est presque encore plus intense puisqu’on est chez soi et donc par extension on n’a pas d’horaires. C’est un mode de vie que j’aime beaucoup (assez harassant mais on apprend énormément de choses même sur des expériences qui parfois ne durent que 1 ou 2 mois).
Avec GR c’était… très différent. D’abord pour être honnête je n’ai malheureusement quasi rien appris (à part que ce n’était pas ce que je voulais faire, ce qui est déjà beaucoup cela dit !) et surtout je n’ai jamais été challengée. A part par le patron qui changeait d’avis comme de chemise et qui promettait la lune à des clients alors qu’il était impossible de faire fonctionner quoique ce soit. On appelle ça set up for failure ici et c’est très négatif.
Donc pendant 2 ans, j’ai été set up for failure. Incapable de livrer un travail qui pourrait fonctionner parce que les clients n’étaient pas du tout adaptés mais qu’il fallait bien faire des thunes alors hein… on peut bien vendre n’importe quoi.
Ce qui en plus n’allait pas du tout avec mon état d’esprit et mon boulot avec mes autres clients que je choisissais judicieusement. Car si vous ne prenez que des clients avec lesquels vous n’allez pas avoir de résultats :
- vous allez avoir de vieilles reviews et
- Plus de boulot
C’est ce qui est arrivé à GR après la fin de la deuxième année. Au moment où l’immigration nous donnait sa réponse. Un cadeau du ciel en somme !
Et en plus de ne rien pouvoir livrer, le patron avait embauché quasiment tous ses potes qui bien que très gentils, n’avaient aucune expérience. Si bien que l’échec était total. Je peux vous dire que rester 2 ans dans une ambiance comme ça, faut vraiment avoir son own agenda ! (La green card !)
Donc bien évidemment, ça n’a pas tenu très longtemps à ce rythme là et la boite n’étant déjà pas profitable, l’est devenue encore moins à la fin des deux ans car après avoir écumé tous les clients restants de GR (qui nous avaient eux mêmes largués) Les suivants ne se bousculaient pas au portillon. Si bien qu’il fallait charger la mule question honoraires et que quand tu demandes 30000 $ par mois à un client et que tu lui rapportes 0, les clients finissent certainement par te maudire et te maudire aussi auprès de leurs connaissances.
C’est aussi à ce moment là que j’ai réalisé que je ne voulais pas du tout être employée par une boite. En fait je le savais depuis longtemps, je m’étais prêtée au jeu de GR parce que ça m’arrangeait mais je savais bien au fond de moi que je n’étais pas faite pour de nouveau être employée. Et puis… 2 ans étaient passés ! GR ne représentait plus que 35% de mes revenus et j’étais passée freelance à 100% depuis plus d’un an.
Juste avant la réponse finale de l’immigration et sachant que le vent allait tourner en ma défaveur (ou plutôt en leur défaveur ?) j’ai proposé de baisser mon tarif de 50% (oui oui) ce qui fait que GR ne devenait donc plus qu’un client lambda qui ne me rapportait même pas 20% de mes revenus.
Vous allez me dire mais Lisa 20% c’est pas une paille ! En fait si. Ces 20% là me demandaient 20 h de mon temps par semaine. Ce qui est absolument énorme. En comparaison, un autre client me payant pareil me prend 4x moins de temps et d’efforts par semaine. Ce qui fait que la suite des événements était logique : pas de Green card, je partais. (Ah oui et en plus entre temps j’étais sommée d’installer un logiciel qui vérifierait tout ce que je faisais sur mon ordi pendant 20 h par semaine et il fallait en plus remplir un timesheet et entregistrer la moindre minute travaillée pour chaque client. J’avais donc un timesheet plein de 2, 3 ou 4 min. Bref, débile. Le logiciel prenant des captures d’écran m’était par ailleurs uniquement destiné puisqu’on m’avait fait comprendre que j’étais la plus senior du lot et la plus chère. Et donc quand t’es senior et cher, apparement on te flique comme un gamin de 4 ans.)
Mais on m’avait bien évidemment rappelé que j’étais ô combien importante a l’évolution de la société. Bref le BS classique Canadien qui était étrangement utilisé ici aux États-Unis. Cela dit le Michigan est très similaire au Canada.
J’ai donc tenu dans cette drôle d’ambiance pendant 6 jours et puis… l’immigration a donné sa réponse. (Oui, croyez le ou non, TOUT est tombé en même temps) C’était non. Mon profil ne posait aucun souci mais ça serait embêtant de me faire venir pour une boite qui n’allait sûrement pas pouvoir me payer bien longtemps. Et l’administration ne prend évidemment pas en compte le fait que c’est pas grave, je me barrais ailleurs ! Ben… non.
J’avais enfin la réponse. Je pouvais enfin avancer. Il y a toujours une déception bien évidemment. Quand on démarre quelque chose, on ne s’attend pas à un échec. C’est toujours possible (deuxième fois pour moi avec les États Unis !) mais on préfère positiver. J’ai toujours gardé la tête froide, je savais que financièrement la boite était bancale. Je savais que dès le moment ou l’immigration émettrait un doute ce serait fichu. Ça n’a pas loupé.
Mais j’ai appris beaucoup. Pas avec la boite mais sur moi même. Je sais désormais exactement ce que je veux faire. Rester indépendante. Continuer de développer mon business et continuer de travailler avec des boites qui me ressemblent. Je suis contente de l’avoir fait. Si c’était à refaire, je le referai sans hésiter car sans cet échec, je n’aurais sûrement pas réalisé ou j’ai envie d’être aujourd’hui. Et puis surtout je ne vais pas cracher dans la soupe, grâce à GR, j’ai pu quitter la fac et commencer à travailler avec d’autres clients. Sans GR, ça aurait sûrement pris plus de temps. Après 1 an, j’avais réussi à gagner plus de mon côté toute seule qu’avec le salaire que me donnait GR et c’est la que j’ai réalisé que rester avec eux n’avait pas beaucoup de sens. Il faut le vivre pour le comprendre, je l’ai fait, maintenant on va s’attaquer à un nouveau projet 🙂 on verra bien lequel !
J’aime repenser à mes échecs. Pas d’une manière négative, bien au contraire, ça me permet toujours d’avancer. Je décortique le tout et je me dis que oui, il y avait des red flags (des choses qui montraient que ça n’allait pas fonctionner) mais que j’ai appris quelque chose et que je ne referais pas la même erreur une deuxième fois. Les échecs font partie de la vie et sont tout aussi importants que les réussites. Sans eux, difficile de réussir.
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Crédit photo: Green card by Nick Youngson CC BY-SA 3.0 Pix4free
5 Commentaires
Audrey
20 avril 2020 at 8:03 amCoucou Lisa ! Super billet ! Et bon courage ! Du coup tu vas retenter les démarches GC mais en nouveau statuts et visa?
Stay safe !
Lisa
20 avril 2020 at 8:06 amHello !
Merci beaucoup !
Alors écoute non, pas dans l’immédiat. Je pourrais trouver un autre sponsor mais pas l’envie ni l’énergie. Surtout que je suis vraiment à mon compte et la GC via employeur te contraint de rester un bon 6 mois avec ton sponsor par la suite ! J’ai regardé d’autres options mais rien de probant pour le moment. Évidemment, je ne mets pas le projet de côté, je le décale juste jusqu’à pouvoir le faire 😉
Audrey
14 juin 2020 at 5:15 pmAh c’est cool ! Bon courage à toi alors ! J’espère que le deconfinement en Alberta se passe bien ! Ici à Toronto on n’est pas encore en phase 2 car trop de cas encore donc on espère bientôt! Surtout que je suis censés me marier avec mon Canadien en 2021 donc je croise très très fort les doigts que ma famille puisse venir de France et des États-Unis d’ici là ! Ma mère est censée venir pour la robe enfin elle était censée venir en octobre mais c’est raté et je compte pas risquer sa santé pour un détail donc on ira par video call 🙂 Bon courage et stay safe en tout cas !!
Lisa
14 juin 2020 at 5:21 pmNous en sommes à la phase 2 depuis vendredi dernier il me semble mais étant à deux doigts d’accoucher, je ne suis pas sortie depuis des mois ! Air Transat rouvre les vols à partir du 23 juillet par exemple et je serai étonnée que ce ne soit pas ouvert avec les US d’ici là !
Audrey
15 juin 2020 at 12:09 pmJ’espère quw ça reouvrira avant novembre que ma mère puisse venir pour ma robe 🙂 et félicitations pour bébé numéro 2 !! Tu dois être impatiente !! Bon Courage et stay safe !