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Boulot / Expérience / Vie pratique

[Article invité] Changer de carrière au Canada (1ère partie)

Mis à jour le 23 novembre 2018


Bonjour tout le monde,

Aujourd’hui, Lisa me fait le privilège de partager mon expérience avec vous. Je m’appelle Fred, 34 ans, installé à Toronto depuis mai 2011 en tant que résident permanent avec mon épouse. Je suis économiste de formation et je travaillais en France comme consultant en politiques de développement international pour de grandes organisations internationales (UE, Banque Mondiale, etc.). Lassé d’être en permanence pris dans les logiques contradictoires de fonctionnaires corrompus d’un côté et de bureaucrates bornés de l’autre, mon objectif premier en quittant la France pour le Canada était de changer de carrière ; vu que j’y suis parvenu, mon expérience pourrait éventuellement être utile à certains candidats au départ.

1 an pour changer de carrière

En tout et pour tout, je considère que ce changement de carrière m’aura pris environ un an. Comme beaucoup d’entre nous, j’avais bien entendu commencé à chercher un boulot quelques mois avant de quitter la France, grosso modo au moment de la visite médicale. Malgré quelques entretiens téléphoniques, j’ai vite réalisé que l’idée de partir avec un job en poche, aussi sécurisante soit elle, était totalement illusoire. J’ai donc décidé de démissionner de mon poste en France et de partir dès mon visa de RP en poche, convaincu que je pourrais trouver un job assez rapidement une fois sur place.

Les diplômes étrangers ne sont pas reconnus au Canada

Je m’étais donné trois mois. Il m’en aura fallu huit. La première surprise (désagréable) aura été de constater que tout ce que j’avais pu faire avant de venir ne valait rien ou presque aux yeux des recruteurs. Il aura fallu que je me fasse alléger de 500 dollars par UofT pour obtenir un bout de papier affirmant que, oui, mon doctorat en économie obtenu d’une bonne université française valait bien au moins autant qu’un doctorat canadien ontarien. Quant à mon expérience internationale, dont j’étais si fier, j’ai vite compris que ça n’intéressait personne hormis le chinois qui joue du violon au métro Bloor/Yonge (dommage, il ne recrute pas).

Un CV français qui n’intéresse… personne

Au bout de trois mois, après avoir envoyé aux alentours de 300 CV et écumé toutes les foires à l’emploi d’Ontario et de Navarre, j’avais obtenu…deux entretiens, les deux s’étant soldés par un massacre (la première a éclaté de rire en plein entretien, le second m’a dit que je ferais mieux de repartir d’où je venais). Il s’avérait en effet que non seulement mon magnifique CV n’intéressait personne mais qu’en plus je n’étais absolument pas préparé aux entretiens à la sauce canadienne. Il faut savoir qu’ici, contrairement à la France, votre capacité à faire le job en question est la toute dernière question qu’on vous pose…si seulement vous arrivez jusqu’à cette étape. Avant cela, les recruteurs veulent savoir qui vous êtes ; personne ne m’a jamais demandé qui je suis en France donc ça fait un choc. Ceci dit, cet obstacle-là est finalement le plus facile à lever : les librairies regorgent de guides d’entretiens et il ne m’en a finalement coûté que 50 dollars et 2-3 nuits blanches pour devenir un pro des entretiens. Autant vous dire que ça m’a été très utile pour la suite…

A suivre la semaine prochaine !

L'auteur(e)

Fred est RP au Canada depuis mai 2011, installé à Toronto où il travaille comme consultant. Il intervient ponctuellement sur le blog pour faire partager son vécu de l’immigration au Canada, ses galères mais aussi ses succès.

12 Commentaires

  • Thierry
    1 avril 2012 at 10:15 am

    On a tous vécus ça… 😉
    Et quand on connaît la différence (moyenne) de compétences et de connaissances entre un Français et un Canadien (à niveau d’étude égal), et que l’on voit comment l’on est traité, ça fout la haine, oui. Après ça, certains s’étonnent qu’il nous reste toujours un fond de rancoeur, voire de haine, après plusieurs années…

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  • Thierry
    1 avril 2012 at 10:16 am

    « vécu », bien sûr… arg !

    Répondre
  • raphaelle
    1 avril 2012 at 6:09 pm

    je n aurai qu une expression : Oh la vache !

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  • N
    1 avril 2012 at 10:08 pm

    Hello,

    Attention a la généralisation. Oui, je confirme que les entretiens au Canada n’ont rien a voir avec ceux que l’on a pu avoir en Europe, la perception des canadiens est bien loin – et précisons aussi qu’entre les anglophones et les francophones d’ici, les différences sont de taille.

    Par contre, cela dépend aussi du métier. Les métiers comme celui de Fred, ils vont s’intéresser plus a la personne pour tenter de cerner ce qu’elle est – et a travers cela ce qu’elle peut valoir dans les taches que l’on demande. Des métiers plus technique comme le mien, ils vont plutôt éplucher ton expérience pour voir ce que tu sais faire – sans pour autant négliger l’aspect personnel aussi pour savoir comment tu arrive au résultat.

    Bref tout ça pour dire que ce n’est pas aussi « simple » que cela et qu’il faut se renseigner sur sa branche de métier… chaque entretien est différent, chaque métier est différent, chaque société sera différente aussi. La règle est surtout d’être prêt a s’adapter a tout sur le moment!

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  • Lisa
    1 avril 2012 at 10:10 pm

    @Thierry: Je peux faire un « like » sur ta dernière phrase ? 🙂

    J’ai toujours pas compris comment certains immigrants peuvent occulter toutes ces galères et dirent « oh bah c’est vieux tout ça ! ». Ben oui c’est vieux, n’empêche que tu ne l’oublies pas à mon avis !

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  • Thierry
    1 avril 2012 at 10:17 pm

    Lisa, tu peux faire ce que tu veux… 😉

    Concernant ce que tu as écrit, c’est tout simplement parce que les Français dont tu parles n’ont pas du tout la même vision des choses que nous (toi, moi et d’autres).

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  • K@rine
    2 avril 2012 at 2:01 am

    Je vais suivre ce « post feuilleton » 🙂

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  • Fred
    2 avril 2012 at 12:40 pm

    Bonjour tout le monde,

    Tout d’abord, j’en profite pour remercier à nouveau Lisa de m’avoir ouvert son blog.

    @Thierry : je comprends ce que tu veux dire et je suis en grande partie d’accord, même si je trouve le terme de « haine » un peu disproportionné. Je vais quand même me faire l’avocat du diable et rappeler que personne ne nous a demandé de venir et que, du coup, rien ne nous est dû à notre arrivée ici, quel que soit notre niveau de qualification ou d’expérience. Je n’ai pas honte d’admettre que je pensais arriver en terrain conquis…grosse désillusion, mais qui est autant due à une grosse erreur de jugement de ma part qu’à la façon dont le Canada « accueille » ses immigrants. En revanche, je suis 100% d’accord sur le fait que ce mélange de déception et de rancœur est tenace; personnellement, cela a profondément changé la façon dont je vois ce pays et le temps que je prévois d’y passer, d’autant plus que ce n’est pas le seul aspect déplaisant de la vie ici (j’ai beaucoup de mal avec le communautarisme à tout-va mais c’est un autre sujet).

    @N : je n’ai pas dit qu’ils ne s’intéressaient pas à la technique, seulement que, contrairement à la France, la partie technique du processus d’embauche vient en second…à condition de ne pas être éliminé avant. Mon job est assez technique (beaucoup de stats, d’analyse de données, etc.) mais ce que je décris dans le post, c’est que la plupart du temps, je n’arrivais même pas à l’étape où je pouvais montrer de quoi je suis capable car je n’arrivais pas à me vendre correctement lors de la toute première interview avec le recruteur. La différence de culture est frappante à ce niveau: ici, il faut vraiment s’affirmer en tant qu’individu, être à l’aise avec sa personnalité, montrer qu’on est intéressant en tant que personne et pas uniquement en tant qu’employé potentiel. C’est d’ailleurs intéressant à titre personnel, ça vous oblige à faire un minimum d’introspection (c’était quand la dernière fois que vous avez dû vous demander « Qui suis-je »?)

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  • Amandine
    3 avril 2012 at 12:42 am

    Venir au Canada peut être source de grandes désillusions mais ça peut aussi donner la chance à certains de se former , reprendre l’école car en France une fois sorti du système ce n’est pas évident de réintégrer l’école . Enfin c’est une autre histoire ça 🙂
    J’ai hâte de lire la suite en tout cas !!!

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  • Cédric
    4 avril 2012 at 3:31 am

    @Fred: je suis quand même étonné que tu aies du faire valider ton doctorat. Naïvement, je pensais que c’était le seul diplôme au monde qui était reconnu. Ayant moi-même un doctorat, quand je suis parti en postdoc à Vancouver en 2004, je n’ai eu besoin de ne rien faire juste montrer la copie de mon diplôme. Suprenant comme attitude ….

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  • Fred
    10 avril 2012 at 10:28 am

    @Cédric: Désolé pour le délai de réponse, je n’ai pas trop eu l’occasion de me connecter dernièrement. Tu mentionnes dans ton message que tu es venu en postdoc; j’en déduis que tu avais déjà soumis un dossier auprès de l’université qui t’a accueillie avant d’arriver, ce qui explique qu’ils ne t’aient rien demandé à ton arrivée. Le milieu universitaire est aussi sans doute plus au fait de la valeur d’un doctorat français que les autres employeurs. Ceci dit, cela dépend des employeurs: mon employeur actuel n’a par exemple pas demandé à voir mes diplômes. En revanche, le « reference check » (ils appellent tes employeurs précédents, y compris en France, pour vérifier ton expérience) est systématique.

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