Je voulais partager un article avec vous que je trouve absolument génial et qui est à mon avis de loin le plus complet sur la question.
Il faut dire que j’ai mené mon enquête et découvert que Anne-Laure a vécu 5 ans à Montréal et 1 an en Nouvelle-Zélande. Elle est donc à même d’écrire un article sur le retour en France et tout ce que cela implique !
Si cela vous intéresse, il existe également un podcast spécial impatriés via LeMouv. Cela dit hormis le témoignage de Anne-Laure, pas grand chose qui se rapporte vraiment à un retour en France. (Ou qui ne soit intéressant tout court par ailleurs !)
Des chiffres !
Ce qui me plait dans cet article c’est que des chiffres sont avancés au moyen de sources. Et ça les sources, j’y tiens ! Marre de lire des trucs totalement n’importe nawak sur les retours en France qui sont non sourcés. On dit par exemple que plein de Français quittent le Québec sous 1 à 3 ans sans ne jamais citer aucune source. La seule source étant l’entourage et la copine qui raconte que la cousine de machin est rentrée en France après 2 ans. Bon oui bien sur, on connait tous une histoire similaire mais sans source établie, ça ne vaut rien !
L’étude de Mondissimo est plutôt intéressante puisqu’elle avance des chiffres.
J’émets quand même quelques réserves quand au professionnalisme de cette étude quand on voit le nombre de fautes d’orthographes qui se dégagent de l’étude… Un peu dubitative donc. Et leur site est quand même terriblement laid. Rarement gage de qualité.
Mais bon, on ne va pas trop se plaindre non plus.
La partie qui nous intéresse ici serait la question 46 : Finalement, quand envisagez-vous de rentrer en France ?
En 2005, 38 % des Français se voyaient rentrer « dans quelques années ». Je ne sais pas vraiment ce que ça veut dire. 3 ans, 5 ans, 10 ans ? C’est bizarre comme réponse… 25% ne voulaient quant à eux ne jamais rentrer.
En 2013, seulement 7 % de Français veulent désormais rentrer à la fin de leur contrat, 33 % dans « quelques années » et 37 % ont décidé de ne jamais rentrer. C’est énorme je trouve. Quasiment 4 Français sur 10 ont donc mis une croix sur un retour en France.
On constate donc qu’en 8 ans, les Français semblent mieux à l’étranger qu’en France.
Alors évidemment, il y a surement plusieurs raisons possibles à cela dont la merveilleuse vie d’expatrié où tout vous est payé. C’est pas hyper souvent non plus mais c’est sur que c’est cool ! Quand on est immigré c’est une autre histoire. Et qu’on veuille l’admettre ou non, quelqu’un qui est résident permanent d’un pays est immigré et non « expat ». Mais ça, faut d’abord le faire admettre dans la bouche des Français… Immigré étant beaucoup trop péjoratif. Moi je ne me suis jamais décrite comme expat qui sous entendrait que j’ai un contrat avec la France et que j’ai été transférée via ma boite française.
Une fuite des cerveaux en France ?
Pas si on en croit une commission d’enquête qui ne voit « aucune situation inquiétante pour l’attractivité économique de la France et préjudiciable à son influence dans le monde. »
Et si l’on compare les chiffres de 96/97 avec ceux de 2001 à 2011, le taux d’expatriation des jeunes diplômés « n’a pas connu d’évolution exceptionnelle. » Entre 11 % et 15 % entre 2001 et 2011, et entre 8 % et 11 % selon les enquêtes de 1996 et 1997. Pas de quoi sauter au plafond donc. C’est certes un peu plus important mais il n’y a pas cette vague de départs comme se plaisent à raconter les gens à l’étranger. J’ai encore entendu il n’y a pas longtemps « que tous les jeunes fuient la France ». Ah… ben pas d’après cette étude.
Le rapport conclut tout de même que « Pour préserver l’attachement de nos compatriotes à la France, explique M. Galut, il conviendrait de commencer par corriger certains discours qui jugent négativement et stigmatisent les Français ayant fait le choix de s’expatrier, au risque de provoquer une amertume, un sentiment de rejet, voire une rupture comme en ont témoigné nombre des personnes auditionnées. »
Aussi même si 94 % des cadres français en recherche d’opportunités pro se disent prêts à s’expatrier, la réalité semble toute autre… Peu de Français font finalement le choix de partir comparé à d’autres pays voisins.
Je vous invite également à lire l’étude intitulée : L’expatriation des Français, quelle réalité ?
Et les impatriés dans tout ça ?
Quand un Français revient après plusieurs années en France, on parle souvent de choc culturel inversé. On est chez soi mais quelque chose cloche. On ne reconnait plus vraiment son pays qu’on a idéalisé pendant longtemps.
Anne-Laure l’a vécu et le raconte de manière très juste. Me concernant, il ne me semble pas que j’ai été victime de ce fameux choc culturel inversé. Je n’ai jamais eu l’impression que j’avais vu plein de choses et qu’au contraire les gens de mon entourage n’avaient rien fait. Non. Je pense qu’il est souvent très présomptueux d’émettre un tel jugement. A croire que les Français de l’étranger sont géniallissimes et les pauvres Français qui restent en France ne valent rien. NON.
Je me souviens en avoir un jour discuté sur la page Facebook du blog et plusieurs affirmaient que quand on rentre en France, on a cette impression. Rien n’a évolué. J’ai un peu de mal à croire pour être honnête que les autres pays évoluent de manière drastiques en 5 ans. Certains pays, certes, ceux qui se développent mais concernant le Canada par exemple, je ne pense pas que vos amis Canadiens auront fait 50 000 choses entre le moment où vous les laisserez et où vous reviendrez ! Donc pitié, il faut arrêter la caricature.
Ai-je été chanceuse ? Je n’ai pas non plus eu l’impression que les gens n’en avaient rien à faire de mon expérience canadienne. Alors c’est sur, on ne va pas passer son temps à vous demander comment c’était mais il faut être réaliste, vous vivez en France donc quel intérêt de vous parler sans cesse de votre pays d’expatriation alors que vous avez décidé de rentrer ??
Je crois que beaucoup d’anciens « expats » ou « immigrés » voudraient qu’on encense leurs aventures à l’étranger. Mais non, c’est cool pour vous mais voilà, ça n’intéresse pas tout le monde non plus.
Attention, il y a aussi des gens très contents d’être rentrés et qui ont eu le même ressenti que moi : Ils n’avaient pas l’impression d’être en terre inconnue. Pourtant ils sont restés + de 2 ans au Canada.
Pour aller plus loin, l’Express a réalisé un article « spécial Expat’ » en 2006. Certes, ce n’est pas récent mais à mon avis toujours d’actualité. On réalise alors que certaines boites font tout pour faire revenir certains « cerveaux » de l’étranger et ça marche ! Mais on est d’accord que les profils doivent être très particuliers.
Quant à moi, je pense n’avoir jamais été très en phase avec la France et ai voulu la quitter dès la fin de mes études. Je pensais même aller étudier aux Etats-Unis et puis finalement ça ne s’est pas fait.
Le travail en France est de mon point de vue un gros frein. Pas possible d’avoir une vie de famille ou presque et surtout pas possible d’avoir des loisirs après le boulot. Quelque chose qui m’a peiné dès que j’ai commencé à faire des stages (En 2006) et qui était assez mal compris par mes amis de l’époque. « Attends, finir à 19 h c’est normal ! » Ben non, moi je mange à 19 h.
Je me souviens même d’une collègue à mon premier vrai boulot en 2009 qui parlait à sa copine au téléphone en disant « Non mais tu sais moi avec mes horaires de fonctionnaire, on peut carrément se voir ce soir vu que je termine à 18 h 30. »
Ah, donc 18 h 30 c’était super tôt pour elle.
Quand j’ai découvert qu’il existait une vie après le boulot au Canada et aux Etats-Unis, je me suis dit que c’était parfaitement en phase avec mes attentes. Et quand j’ai tenté un bref retour en France, ça m’a sauté au visage. Non la France n’était vraiment pas faite pour moi.
10 Commentaires
Alain Chautard
4 janvier 2015 at 5:53 pmSur le décalage culturel inversé : Ce n’est pas tant sur l’impression que les gens n’ont pas changé ou rien fait durant notre expat, c’est surtout que l’expat a vu et appris plus que la moyenne durant son séjour (se démmerder pour passer un permis de conduire ou trouver un logement dans un pays où ta langue natale n’est pas ou peu parlée – c’est clair que celui qui n’est jamais parti ne sait pas ce que c’est). Ces expériences nous donnent un angle de vue plus large qu’à celui qui n’a jamais quitté sa bourgade natale.
C’est là que le décalage est assez énorme à mon sens. Mais je suis d’accord avec toi : Ce décalage est beaucoup moins important lorsque l’on se sent déjà décalé avec la France à la base 🙂
Lisa
4 janvier 2015 at 6:07 pmAngle de vue plus large oui mais seulement sur l’expatriation ! Sinon je ne vois pas forcément ce que ça apporte aux gens qui t’entourent. Oui bien sûr, on a un regard peut-être plus ou moins critique sur plein de choses et on évite de critiquer telle chose pour rien mais bon, perso à part discuter de ça avec des expatriés, ça n’apporte pas grand chose quand on rentre je trouve 🙂
Du coup, je n’ai personnellement pas vu de décalage. Ce fameux décalage dont tout le monde parle où tu te sens en dehors de la réalité. Ben… pas pour moi 🙂
unefamilleawinnipeg
11 janvier 2015 at 6:44 amTrès intéressant ton article. Et effectivement de ce qu’on a pu entendre par rapport aux journées de travail ça m’a l’air d’être très différent par rapport à la France car ici terminer à 19h cest assez courant alors que là bas pas du tout.Je trouve que terminer tôt en tous cas pas trop tard c’est important pour l’équilibre familiale il faut un juste milieu pour tous
Lisa
11 janvier 2015 at 4:54 pmMerci 🙂 Non ce n’est pas courant du tout ! Du moins, je n’ai jamais connu personne qui faisait des heures pas possibles. J’ai moi-même bossé pour une dizaine de boites différentes ici et n’ai jamais dépassé 16 h 30… Après, ça te regarde si tu veux faire plus 🙂 L’équilibre familial est très respecté ici. C’est pour ça que beaucoup de gens aiment bien la vie au Canada héhé.
C.
21 janvier 2015 at 9:49 amJe suis partie deux ans faire le tour du monde, j’ai marché de paris à pékin, à peu près… un voyage est une sorte d’expatriation, le salaire régulier en moins…et puis je suis rentrée… j’étais contente et fière d’avoir accompli tout ce trajet « moi toute seule »… Aujourd’hui cela fait 8 mois que je suis en France et je crève de repartir… Je crève d’être ici…Le retour a été conflictuel avec la famille, les proches, un temps… En y réfléchissant je sais que ce n’est pas ma famille qui m’agace, je me sens seulement étriquée ici… Pas d’espace, pas de lieu dépourvu de vie humaine. Mon coeur s’emballe de penser à la Laponie, l’Alaska, l’Himalaya, au moment de solitude et d’ennui où il n’y a rien d’autre à faire que bouquiner ou regarder autour de soi… Mon compagnon, lui, étrangement vit le retour plus que bien… Pourtant je ne céderai pas à mes envies de partir (ou de fuir?) à nouveau. j’ai vu trop de voyageurs « enfermés dehors ». Ils souhaitent rentrer mais le décalage est trop grand avec leur vie d’avant alors ils restent sur les routes… Pour l’instant je tente de m’habituer, de me conformer au carcan dans lequel je me sens, en espérant qu’un jour, le mal que j’éprouve dans mon pays, passe.
Lisa
21 janvier 2015 at 10:01 pmJe vous souhaite beaucoup de courage 🙂 Mon mari aussi a vécu le retour différemment. C’est propre à chacun.
Eve
21 janvier 2015 at 7:54 pmAvec tous nos jeunes qui partent (http://www.jadorelespotins.com/pvt-canada-sondage-775842013 comme ici) au Canada, et en lisant votre blog, je me dis que vous avez de la chance, je suis en voyage actuellement à Montréal, j’aimerais trop y rester 🙂
Bonne chance.
Lisa
21 janvier 2015 at 10:04 pmLes jeunes partent au Canada parce que le permis Vacances-Travail existe. Ce permis existe également dans plein d’autres pays mais disons qu’ils sont moins mis en avant que le Canada. D’ailleurs, il est tellement populaire qu’ils en donnent de moins en moins ! Attention, beaucoup de jeunes rentrent aussi en France ensuite et voyagent beaucoup 😉 Cela leur fait une bonne expérience.
AyaElo
17 mai 2016 at 7:19 amHello !
Je suis ton blog depuis quelques temps (notamment via l’article du VIE puisque j’en cherche un même si au final ce n’était pas ce à quoi je m’attendais ^^ quand je l’ai lu) j’ai découvert plein de choses intéressantes sur le Canada.
Je te rejoins sur beaucoup d’idées mais je reviens sur ton vécu de la vie après le travail et je ne suis pas non plus en phase avec le système français pour ça. Après je pense que quand tu parles de tes horaires, tu étais pas sur Paris par hasard ?
La France, ce n’est pas que Paris…(et heureusement !)
Perso j’habite à Grenoble (la PROVINCE ! comme me le rappelle gentiment ma famille parisienne d’où je viens U_U ») et bien je commence à 7h55 pour un départ à 16h55 environ (avec 30/40min de pause déj)…j’ai cherché un appart pas trop loin de mon taf, et j’ai le temps de faire du sport, voir des amis après…
Après cela dépend des boîtes, je sais que certains finissent à 18h30/19h mais commencent à 9h30…mais aussi des villes, de l’organisation du travail, de la boîte, etc.
Il y aura toujours des gens pour dire « et bien moi j’habite pas Paris et je fais des horaires de ouf !! » mais comme dis, cela dépend de la boîte, de ton travail etc. Je sais que mon métier se fait aussi bien a des horaires cool qu’à des horaires de folies (sur la capitale notamment)…A chacun de choisir après et peser le pour et le contre.
Alors oui, perso moi non plus je ne me vois pas vivre avec ces horaires bidons où il est bien vu de rester tard quand le boulot peut être fait dans les temps, mais si c’est pour faire 8h/17h dans des postes à responsabilités, ça existe aussi en France et dans des grosses boîtes, dans des grosses villes aussi (retours d’expériences d’amies à Lyon et Bordeaux) et beaucoup plus que tu ne le penses.
C’est pas partout je le conçois mais il ne faut pas non plus généraliser et prendre en compte TOUS critères qui entraînent ces heures de travail (ex: habiter dans la banlieue et faire 1h30 de bouchons pour aller et rentrer au taf par exemple, du coup oui en commençant vers 9h30, on peut rarement finir à 17h…idem retour d’expérience de travail à la Défense) Je trouve que de plus en plus de patrons et d’entreprises sont conscients que les nouvelles générations font attention à cette recherche d’équilibre. Certes ce n’est pas autant généralisé qu’ailleurs là-dessus on est d’accord. 🙂
Dommage en tout cas pour tes VIE, même si à la lecture de tout ce blog, c’est peut-être un mal pour un bien. Je trouve tes billets très bien écrits et j’aime bien les conseils que tu t’appliques à donner pour ceux qui vivent ou voudraient vivre au Canada. Je vise plus la Suède que le Canada ceci dit ça donne une bonne idée et désillusions que font beaucoup de Français sur l’expatriation.
A+
Elo
Lisa
17 mai 2016 at 2:22 pmHello !
Ah les VIE… Ca commence à dater tout ça 😉 Quasiment 3 ans en fait ! Et je ne regrette pas de ne pas en avoir fait un. Je ne sais pas si tu as aussi lu mes aventures après (pour les VIE) mais on m’avait proposé des postes et finalement, ça ne me disait plus ! (Au niveau du VISA c’était vraiment pas top)
Mais je pense que ça reste un excellent contrat qui te permet d’avoir une bonne expérience. Dans la boite de Mister, ils ont une nana en VIE et ça lui permet de rester 2 ans sur place ! Je crois que tu peux ensuite transformer le visa de toute façon mais tu es logiquement obligé de rester avec ton employeur. Ca c’est pour le Canada, pour l’Europe, tu n’auras évidemment pas ce souci.
Concernant les heures de travail alors oui je pense que ça dépend beaucoup de la ville où tu bosses MAIS si je me fie à mes amis qui sont à Lyon, Clermont ou autre, ben tu ne finis pas plus tôt qu’à Paris !!! Mais je pense que c’est pareil partout après. Ca dépend de ta boite. Perso quand je suis rentrée, je faisais 9h 18h et j’étais la première arrivée, première partie en gros. Ca me semblait déjà bien assez long. Ici je fais 8h / 16h. Ca fait 1h de moins sur la journée en fait mais partir à 16 au lieu de 18 ça change la vie c’est clair ! Même 17 ça parait assez tard. Enfin surtout ici 😉