C’est une collègue qui m’a parlé du livre Pas si fous, ces Français!
. Etant Française, mariée à un Canadien, elle avait trouvé ce bouquin très drôle et très vrai. Je l’ai donc réservé à la bibliothèque en deux temps trois mouvements, (Il existe en plusieurs exemplaires et personne ne le réserve jamais !), pour votre info il existe aussi en version anglaise.
Il s’agit avant tout d’un récit presque historique de la France qui permet au lecteur de mieux comprendre pourquoi la France est ce qu’elle est aujourd’hui. C’est très intéressant et informatif mais les anecdotes rigolotes sur nos différences culturelles ne sont pas forcément légion rendant le livre un peu ennuyant à la longue. Je m’attendais surtout à lire le point de vue des Canadiens sur les Français mais le livre se contente d’en rester aux faits. Ce qui est évidemment une bonne chose mais du coup le côté drôle de la couverture laisse un peu sur sa faim. (Et même la quatrième de couverture d’ailleurs) Au moins, il n’y a aucun cliché à base de béret et baguette !
Quelques petites choses qui m’ont fait sourire cependant et qui montrent bien que les Français et les Canadiens sont très différents :
– On a tendance à dire que les Français sont tout le temps en grève. D’après le livre toutefois : « Les Français totalisent en réalité moins de jours de grève que les Américains en une année. Selon les statistiques rassemblées par l’OCDE, la France est, parmi les pays membres, celui qui compte le moins de travailleurs syndiqués (9 % contre 14 % aux Etats-Unis, 24 % au Japon, 29 % en Allemagne, 33 % en Grande-Bretagne et 37 % au Canada). Selon le Bureau international du travail, le nombre de jours perdu pour 1000 travailleurs entre 1999 et 2003 serait de 10 pour la France et le Royaume-Uni, et de 20 pour les Etats-Unis. Par contre les manifestations publiques sont en revanche plus élevées que dans n’importe quel pays. »
Au niveau du syndicat, il faut savoir que c’est complètement différent au Canada. En fait ce n’est pas vous qui êtes syndiqué mais votre métier. Vous n’avez donc pas le choix, vous êtes obligé d’être syndiqué selon le poste que vous occupez. Et le syndicat a un prix ! + de 50 $ par mois en général pour ne finalement pas trop comprendre à quoi ça sert. (Vous pouvez quand même vous faire virer du jour au lendemain bien que votre employeur doit prévenir le syndicat d’abord. M’enfin dans les faits, j’en ai vu des syndiqués se faire virer en 24 h !)
– Une autre chose totalement différente ici : les universités.
Alors qu’en France on a tendance à préférer faire une grande école plutôt qu’une université, au Canada c’est complètement l’inverse. Les universités sont souvent très réputées ici et d’ailleurs très chères. Si chères qu’il faut souvent s’endetter pendant plusieurs années pour espérer obtenir un Master.
Les Canadiens vous félicitent alors souvent de votre diplôme alors que chez nous beaucoup de gens sont très diplômés !
Une chose qui m’avait un peu choquée aussi, le fait que les gens soient étonnés lorsque vous ne vous vantez pas d’avoir un Master (!). Au Canada, les gens aiment indiquer leurs diplômes à la fin de leurs noms en signature !!! Imaginez si on faisait ça en France ? La tête de vos collègues !
– Si en France on nous demande rarement de donner pour des associations caritatives autres que le Sidaction ou les Restos du coeur, au Canada on vous le demande TOUT LE TEMPS. Il y a toujours une bonne raison de donner. Que ce soit au bureau, au supermarché, dans la rue, dans les magasins… Bref, on va toujours vous demander des sous pour bidule ou chouette. Même dans le métro on vous tend un petit panier pour que vous glissiez des sous !
C’est un concept difficile à comprendre pour nous qui payons beaucoup d’impôts. L’argent est ensuite souvent redistribué à un peu tout le monde. Comme au Canada, vous êtes moins imposé, on vous demande logiquement de participer un peu à la vie caritative. (J’ai dû le faire une ou deux fois au bureau) Pour tout vous dire, quasiment tout le monde s’y colle !
– Ma collègue Française avait soulevé un point qui m’avait fait rire. Son mari lui demandait toujours pourquoi en France, on fermait les volets. Avouez que c’est plutôt comique. A quoi servent des volets s’ils ne sont fermés à la nuit tombée ? Et bien à être décoratifs au Canada ! Vous ne verrez jamais de volets fermés dans les petites maisons. Il s’agit bel et bien d’un objet de décoration ! Ce qui peut nous paraître fou à nous Français qui aimons bien la tranquillité. C’est impensable au Canada. D’ailleurs ils n’ont pas non plus de barrières devant leur maison…
– Si en France on mange normalement à heures régulières, au Canada les gens sont adeptes du grignotage. Pire encore, ils ne mangent pas de vrais repas le soir. Souvent chacun mange un peu ce qu’il a envie devant la télé et c’est ce qui rend les Nord Américains si gros…
En France c’est désormais une pratique qui tend à se banaliser bien que les repas restent très codifiés.
Je me souviens d’ailleurs encore d’une collègue canadienne qui m’avait dit que chez elle personne ne mangeait de légumes car elle détestait ça (!). Aussi ils allaient acheter à manger dans des fast food ou autre tous les soirs car elle n’aimait pas faire à manger.
Du coup je passais un peu pour une extra-terrestre quand je disais que tous les soirs on cuisinait un repas.
– Dernier point, avez vous remarqué que les Canadiens ont un tempérament très friendly ? Ils vous demandent presque immédiatement comment vous vous appelé et vous serrent la main.
En France on a plutôt tendance à parler un peu de tout sans forcément demander à la personne son prénom. Ce qui est un peu fou quand on y pense. Il faut dépasser un premier stade dans la conversation pour poser ce genre de questions. Aussi la question du « que faites-vous dans la vie ?» n’est pas forcément facilement abordée alors qu’elle vient souvent en première position chez les Canadiens !
Et vous, vous avez des anecdotes sur les différences culturelles canadienne/française ?
7 Commentaires
Cédric
16 juillet 2012 at 10:45 amLes auteurs de ce livre ont récidivé quelques années plus tard avec 60 million frenchmen can’t be wrong. Livre très intéressant.
Par contre, je trouve que le point sur les repas est quelque peu caricatural. Dans ma belle-famille, ils mangent à heures fixes midi et soir (le week-end) et mangent des légumes. Mais c’est sur que souvent les légumes, ce sont des pommes de terre.
Le côté super friendly est peut-être celui qui m’a surpris mais dans le mauvais sens. Par moment, j’ai l’impression que les canadiens n’ont pas la même définition du mot ami. Tu peux passer une super soirée avec un gars au bar et le revoir le lendemain, il ne te calcule pas. J’exagère surement un peu mais bon.
Moi, ce qui me choque le plus chez les canadiens (en tous les cas, ceux de Vancouver), c’est leur obsession du danger: obligation de porter un casque pour faire du vélo, fermer les portes à clef même lorsqu’on est à la maison, ne pas traverser la rue en dehors des passages piétons, interdiction de boire de l’alcool dans la rue car si un enfant te voit boire, il deviendra alcoolique plus tard, le programme neighborhood watch. C’est tout de suite voir le danger dans les choses plutôt que le côté positif. Je les trouve assez schizophrène.
Lisa
16 juillet 2012 at 11:24 am@Cédric: Pas possible, Michael Moore dirait donc des conneries quand il assure que les Canadiens ne ferment jamais leur porte à clé ??? (Looollll)
J’avoue être tout de même un peu étonnée. On dit que les Vancouvérois sont les Canadiens les plus cools et les moins stressés du Canada. Comme quoi hein. Cela dit on dit bien que les Torontois sont les plus stressés alors… (Donc je me suis toujours demandé comment ça pouvait être ailleurs !! Car je les trouve TRES cool ici)
Pour le coup de boire dans la rue, ça c’est pareil partout. C’est totalement interdit mais bon tu peux camoufler le truc en mettant ton alcool dans un gobelet… (Jamais compris l’intérêt entre nous…)
Neighborhood watch je trouve ça cool par contre. Mais pareil c’est le côté très américain du « on veille tous les uns sur les autres ». Personnellement, j’adhère complètement.
Cédric
17 juillet 2012 at 5:20 am@Lisa:
Pour fermer les portes ou pas, je pense qu’on ne les ferme pas à la campagne mais à Vancouver et dans la banlieue, c’est différent. Je pense que cela est la même chose dans les campagnes françaises par rapport aux centres urbains. Les gens de Vancouver se prennent pour des californiens donc il semble cool, ils mettent des shorts et des claquettes dès qu’il fait 15° dehors (vu qu’il pleut très souvent) mais après, ça reste très nord-américain dans l’esprit.
Pour le neighborhood watch, c’est une question de point de vue. Perso, je suis contre cette paranoïa que la police ne fait pas de bon boulot et qu’on risque de se faire attaquer et cambrioler à n’importe quel moment. Vancouver même est super sur comme ville (excepté éventuellement eastside et vers commercial). Une semaine après mon arrivée là-bas, je vois la Une du quotidien The Province et il y avait les photos des 10 voleurs les plus recherchés. Cela m’a choqué. Comme le crime stoppers programme.
Pour l’alcool, ok, tu peux cacher ton alcool mais quel schizophrénie et hypocrisie.
Une autre différence aussi entre la France et le Canada, c’est le rapport aux impôts et taxes. On l’a vu avec le débat sur la HST. Je trouve les canadiens très anti-impôts bien plus que les français. Ils ne veulent pas payer d’impôts mais en même temps, ils se plaignent sur les services publics qui fonctionnent mal. Malheureusement, on devient comme ça en France
Amandine
17 juillet 2012 at 10:19 amJe suis d’accord sur le côté « friendly » … Parfois j’aimerai bien leur dire qu’on a pas élevé les cochons ensemble LOL Mais bon on s’y fait ….
Pas mal l’anecdote des volets 😉
Jean-Francois
23 juillet 2012 at 11:42 pmSi tu veux un autre point de vue rigolo mais d’un anglais sur les français, je te conseille de lire, si tu ne l’as pas fait, les livres de Stephen Clarke (God save la France; God save les francaises et Francais, je vous haime). Pas mal. Si tu veux les lire, ils se trouvent dans ma biblio perso ;).
Catherine Lefebvre
1 novembre 2014 at 5:44 amJ’ai rarement vu un livre aussi caricatural qui fait des raccourcis en faisant par exemple des comparaisons entre ce qui existait au moyen âge et qui serait soi-disant encore ancré dans les habitudes des Français. Les généralisations sont omniprésentes alors qu’il s’agit de cas particuliers, etc. Bref, toutes les deux pages, après avoir des passages très intéressants vos cheveux « se dressent sur la tête » pour des « énormités ».
Donc à lire mais avec un regard TRÈS critique sur des auteurs ayant passé quelques mois en France et prétendant tout savoir sur les Français.
Lisa
1 novembre 2014 at 2:09 pmOh je ne sais pas, j’y ai personnellement vu une vision amusée des deux auteurs. Et aucune généralisation de mon côté au contraire ! Ayant vécu et en France et au Canada, j’ai trouvé ça très vrai.