Stéphanie et Thierry sont les auteurs du blog « D’un continent à l’autre » qui retrace leurs trois dernières années au Québec. Tout n’a pas été facile mais ils semblent finalement pas si mal installés.
Mise à jour du 21 mars 2023 : Stéphanie et Thierry vivent toujours au Canada.
Présentez vous un petit peu. Quelle est votre tranche d’âge, que faites-vous dans la vie, sous quel visa êtes-vous et surtout pourquoi avoir choisi de vous installer à Québec ?
Moi, c’est Stéphanie, 35 ans, adjointe administrative depuis 2 ans, conjointe de Thierry depuis 8 ans et installée à Québec avec un statut de résident permanent. Nous venons d’envoyer notre dossier pour l’obtention de la citoyenneté. Pourquoi avoir choisi Québec ? Disons que mon niveau d’anglais ne me permettait pas d’envisager une installation dans un endroit majoritairement anglophone. C’est vrai que j’aurais pu apprendre sur le tas, mais trouver un job n’est déjà pas facile en partant, si en plus on ne parle pas la langue c’est encore une embûche supplémentaire sur le long chemin de l’immigration.
Salut, moi c’est Thierry, 32 ans, fonctionnaire, en couple depuis 8 ans et demi (désolé mesdames). Je me décrirais comme quelqu’un de franc et qui n’a pas peur de dire les choses… Je suis arrivé au Canada avec un visa de résident permanent que j’avais obtenu en 15 mois. Je me suis installé à Québec car, après notre voyage au Québec en 2007, nous avions trouvé la région très belle, idéalement placée de notre point de vue, pas trop multiculturelle, mais aussi parce que le climat y est bien froid et neigeux comme je l’aime (eh oui).
Plutôt posés ou aventuriers ? Est-ce votre première expérience hors de France ?
Stéphanie : Plutôt posée mais avec un besoin d’aventure de temps en temps. C’est ma première expérience de vie hors de France mais nous avons quand même pas mal bourlingué en Asie avec notre sac sur le dos et notre guide dans la poche.
Thierry : Aventurier mais prévoyant. Je calcule tout ce qui peut l’être mais, en même temps, j’ai un côté Indiana Jones… C’est ma première expérience de travail à l’étranger mais j’ai pas mal voyagé, toujours en routard.
Depuis combien de temps vivez-vous au Canada, pensez-vous y rester encore longtemps ?
Stéphanie : Nous sommes ici depuis maintenant 3 ans ; 3 ans qui m’ont paru tantôt interminables, tantôt filant à la vitesse de la lumière.
Thierry : 3 ans, 2 mois, et 1 jour. Combien de temps vais-je y rester ? Grande question à laquelle je ne peux répondre. Il y a quand même très peu de chances que je quitte le pays avant les 5 prochaines années.
Décrivez-nous votre installation. Avez-vous rencontré des difficultés particulières ?
Stéphanie : À notre arrivée, nous avons été hébergés par un couple de Français rencontrés sur Internet. Nous sommes restés chez eux le temps de nous retourner, de trouver un appart, de faire les démarches administratives., etc. Nous avons trouvé un appartement assez rapidement, acheté une voiture et fait livrer nos cartons qui nous attendaient sagement à Montréal. J’ai trouvé un petit job de vendeuse un mois après notre arrivée. Rien de très folichon, juste de quoi faire rentrer un peu d’argent.
Thierry : Madame a tout dit. Avec du recul, je constate que l’on n’a pas eu tant de galères que ça (si je me souviens bien…). Mais trouver un appart’ en automne ne fut pas facile…
Et votre recherche d’emploi ? Comment ça s’est passé ? Est-ce que vous travaillez dans votre domaine ? Si oui, précisez nous combien de temps cela vous a pris et comment se sont passés vos entretiens.
Stéphanie : Je n’ai pas de domaine particulier, je suis plutôt une touche-à-tout sans trop de diplômes. Je n’ai pas eu de mal à trouver un emploi mais j’étais loin d’être satisfaite. Mauvais horaires, mauvais salaire, mauvaise ambiance… J’étais souvent regardée de travers si je ne comprenais pas du premier coup ce que l’on me demandait de faire. On se moquait ouvertement de ma façon d’écrire les chiffres, de ma façon de parler, de mon manque d’enthousiasme lorsqu’on m’envoyait prendre ma pause souper à 16 h 30… J’ai changé de job plusieurs fois. Je n’étais jamais à l’aise lors des entretiens. Je ne suis pas aussi « friendly » que les Québécois et le tutoiement qui semblait de rigueur pour tous, était alors pour moi difficile à utiliser. Je suis passée de job de m**** en job de m**** durant 1 an. Ensuite, grâce à une amie française, j’ai obtenu un entretien pour un poste d’ajointe administrative. Malgré mon absence d’expérience dans le domaine, j’ai passé les tests avec succès et obtenu la place. Je suis donc adjointe administrative depuis maintenant 2 ans dans une société qui emploie beaucoup d’immigrants. J’ai une bonne assurance santé, de bons horaires et un salaire décent.
Thierry : Là, ça a été dur. J’ai tenté de rester dans mon secteur (que je garderai secret) mais j’ai seulement enchaîné les boulots de merde. D’emblée, je voulais de toute façon changer de voie. J’ai donc passé tous les concours de la fonction publique que je pouvais passer, les ai tous réussis et, après plus d’un an et demi, j’ai enfin obtenu un poste… J’y suis depuis février dernier. Les entretiens ? Je suis nul pour ça, et vraiment pas sur la même longueur d’onde que les Québécois…
On dit que partir c’est mourir un peu chaque jour mais que mourir c’est partir beaucoup ! Qu’en pensez-vous ?
Stéphanie : Je pense que partir c’est se recentrer, apprendre où sont nos priorités. Ça met un couple à l’épreuve aussi ; je pense que ça nous a soudés encore plus d’affronter des épreuves tous les deux, sans aide extérieure. Donc partir c’est peut-être mourir un peu mais c’est aussi grandir beaucoup.
Thierry : Je préfère partir que mourir. Et si je reste, je pars pas ; et si je pars pas, je reviens pas ; et si je reviens pas, on se revoit pas (Patrick Bruel, dans P.R.O.F.S.).
Quelle est finalement la principale difficulté que vous rencontrez au Canada ?
Stéphanie : Peut-être la différence de culture. Je n’arrive pas à me faire au repas du soir à partir de 17 h, aux apéros qui commencent à 15 h au vin rouge (si si, c’est du vécu, tous les vendredis au bureau c’est la même musique), à la phrase « vous, les Français, avec vos anglicismes », au manque d’ouverture sur le monde qu’on retrouve souvent à Québec, à l’inconscience des automobilistes qui vous collent au pare-chocs dès qu’il neige, qu’il pleuve ou qu’il y ait du brouillard…
Thierry : Elle se résume en un seul mot : culturelle. Tous les jours, je constate que je suis – et resterai – très différent des Québécois, sur de multiples aspects.
Au contraire, qu’est ce qui a changé d’un point de vue positif depuis que vous ne vivez plus en France ?
Stéphanie : Je pense avoir une meilleure qualité de vie ici. Mes horaires me permettent d’être à la maison vers 16 h 30, la dite maison que nous n’aurions certainement jamais pu nous offrir en restant en France. J’apprécie de me sentir en sécurité même tard le soir. J’aime aussi la proximité avec la Nouvelle-Angleterre, région que j’affectionne tout particulièrement. Je n’aurais jamais obtenu le poste que j’occupe actuellement si j’étais restée en France.
Thierry : La sécurité ; le climat (je suis un cas particulier) ; les horaires de travail ; ma maison.
Avez-vous des amis canadiens ? On dit que c’est tellement difficile de s’en faire…
Stéphanie : Assez peu en fait. Trois couples de Québécois de la génération de mes parents et grands-parents dont deux vivent du côté de Montréal. Deux couples mixtes (lui, français et elle, québécoise). Sans oublier nos anciens voisins d’en face que nous apprécions beaucoup ainsi qu’une amie que je me suis faite à mon premier travail. Mais nous ne nous voyons pas souvent. Nous recevons et sommes reçus plus souvent par nos amis français. Tout est une question de culture, comme d’habitude. Ce n’est pas que l’on recherche plus particulièrement le contact avec des Français, c’est juste que ce contact se fait plus naturellement. Je remarque quand même qu’en règle générale, les Québécois qui nous fréquentent, sont des gens ouverts au monde, des gens qui ont voyagé et qui sont capables d’avoir une vision critique de leur société. Pour les autres, nous ne sommes que des maudits Français, prétentieux et chialeurs ; normal qu’ils n’aient pas envie de nous fréquenter !
Thierry : Stéphanie a bien répondu ; les amitiés « à la française », ça n’existe pas ici. Alors il reste les Français qui ont les mêmes sensibilités que nous (ce n’est pas la majorité je pense !), et un faible pourcentage de Québécois qui nous ressemblent…
Avez-vous une anecdote ou un souvenir qui vous a marqué à nous faire partager ?
Stéphanie : Le souvenir de mon premier Noël blanc, MAGIQUE !! Tout comme la première visite de mes parents. Ils n’avaient jamais pris l’avion de leur vie. Ça m’a fait tellement plaisir de leur faire découvrir mon pays d’accueil.
Thierry : Mon premier hiver peut-être. À l’inverse de la plupart des autres immigrants (et de 80 % des Québécois), j’aime le grand froid et les mètres de neige. J’aime l’hiver, en somme. Et notre 1er hiver fut correct… contrairement aux 2 autres.
Quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite venir tenter l’aventure ?
Stéphanie : Y réfléchir à deux fois et être sûr de sa décision !
Être sûr de pouvoir supporter l’éloignement physique de sa famille.
Avoir un petit magot de côté car les économies fondent comme neige au soleil au tout début.
Ne pas se croire attendu, contrairement à ce qui se dit dans les sessions d’informations en France.
Thierry : Oublier certains forums pour futurs immigrants et la propagande du BIQ à Paris. Il faut arrêter de croire que tout est beau ici. On peut bien vivre, mais cela peut être très compliqué, très long à se mettre en place, et ne pas plaire à tout le monde. Je répète que tout est différent entre la France et le Québec. Tout. Ceux qui prétendent le contraire sont des menteurs.
Et alors le Canada, c’est vraiment l’eldorado ?
Stéphanie : Loin de là, et quand j’y repense, pour rien au monde je ne revivrais notre première année. C’est sûr que maintenant, avec le temps, notre vie se met en place mais, même s’il y a des points positifs dans notre immigration, même si nous allons avoir la citoyenneté canadienne, même si nous avons sciemment décidé de venir vivre au Canada, nous resterons français quoi qu’il arrive. Nous ne recherchions pas l’Eldorado en débarquant ici, et tant mieux sinon nous aurions été drôlement déçus !
Thierry : Non. Et c’est surtout très différent de la France, encore une fois. Ce n’est pas pour tout le monde. Maintenant, j’y ai trouvé un boulot sympa (à force de courage et de patience), j’ai pu acheter une belle maison dans un cadre enchanteur, et il me semble que les opportunités de travail sont aujourd’hui meilleures ici qu’en France. Mais il y a beaucoup d’autres aspects à prendre en compte et la France n’a jamais été aussi belle que depuis que je l’ai quittée…
21 Commentaires
Alain
12 février 2012 at 7:46 amJe suis toujours étonné par tes interviews, car il en ressort généralement que le Canada, ouais, bof, et pour autant les gens ne songent jamais à revenir en France. Au final, pour grossir un peu le trait, j’ai l’impression que les français expats au Canada restent très français (comprendre critiques, tout est dur, compliqué, ça va mal, c’est pas top, la culture est trop différente, on s’intègre pas, etc.) ce que je ne ressentais pas du tout aux USA, où la plupart des français étaient heureux de vivre, a priori bien intégrés, peu désireux de rentrer… Et plutôt critiques vis à vis de la France !
Alors est ce que c’est le Canada qui fait ça, ou une expat trop idéalisée avec de la déception au final, car tout n’est pas comme en France ? Je serais curieux d’avoir l’avis de néo-canadiens là-dessus, car c’est tout de même assez paradoxal.
Lisa
12 février 2012 at 12:11 pm@Alain: Salut Alain, tu as tout à fait raison de te poser la question.
Quelques éléments de réponse ici :
Les gens qui lisent French With Benefits ont généralement un regard critique sur le Canada du fait que je suis moi-même très critique sur certains sujets. Cela dit, comme tu as pu le remarquer, je ne le fais jamais gratuitement. Tous mes propos sont toujours étayés par des expériences personnelles.
Aussi, tu as surement remarqué qu’en France on te vend le Canada comme étant l’eldorado et en te disant qu’ils ont besoin de toi et qu’ils ont plein de jobs à t’offrir en gros. (C’est surtout le cas du Québec) Donc quand tu arrives et que tu galères comme c’est pas possible, forcément tu peux un peu douter de ce discours.
Aussi, les gens expatriés aux Etats-Unis n’ont absolument pas ce problème puisque les USA n’ont pas un programme d’immigration choisie. Donc les Français qui viennent ont forcément un travail sur place (ou alors ils sont les heureux gagnants d’une green card) avec souvent un package qui va avec. On peut donc comprendre pourquoi ils sont (toujours ?) contents d’être là.
Et puis comme tu as pu le remarquer, les gens interviewés sont aussi critiques de la France 🙂 Mais bon, faut-il obligatoirement rentrer quand tu ne trouves pas ton pays parfait ?
raphaëlle
12 février 2012 at 3:11 pmune très belle et sincère interview… j admire très sincerement Stéphanie d avoir réussi à écrire tout ça sur sa vie professionnelle et de se remettre en question tout en sachant ce qu elle est et veut faire… une belle preuve de maturité…
je me permets de faire une petite nuance… une grosse différence existe entre le terme expatrié et immigrants… quand on est immigrant on CHOISIT
le pays où on veut vivre… expatrié c est ton entreprise qui t envoie dans ce pays avec une date d arrivée de retour, un cahier des charges très précis et des conditions pour ton travail et la vie de ta famille souvent très bonnes qui évitent les désagréments de la vie – j en fait partie de cette 2eme race là et je devrai prier le ciel chaque jour pour cela… car dans 2 ans c est finit pour nous le Canada et nous n’avons pas choisit d y venir… tout en se disant que nos 3 gosses auront une langue de plus à leur expérience… alors nuance ! tout les français ne sont pas des expatriés ici…
je pense que tu as raison Lisa, le fait qu on nous vende le Canada comme un eldorado sur les sites français fait que la plupart des gens sont un peu interloqués de la façon dont sont les choses ici…
Carlie
11 octobre 2016 at 6:25 pmNavrée de devoir vous reprendre… mais vérifiez la définition d’expatrié.. Stéphanie et Thierry sont à la fois expatriés et immigrés. Ainsi que vous Lisa. Vous êtes expatriés pour les français, puisque partis de France et vous êtes immigrés pour les canadiens puisque vous venez d’un autre pays. L’entreprise, l’emploi, n’a rien à voir dans ce terme.
Merci pour ce partage d’expériences en tout cas 😉
Lisa
11 octobre 2016 at 7:38 pmJe pense que c’est bel et bien vous qui êtes dans l’erreur 🙂 (Du point de vue des Français au Canada tout du moins !)
Les deux définitions font souvent débat mais un article très sérieux de l’Express précise que les blancs se disent expats mais voient des immigrés dès qu’on n’est pas blancs à l’étranger.
http://www.lexpress.fr/actualite/societe/pourquoi-les-blancs-sont-des-expats-et-les-autres-des-immigres_1661337.html
L’article est à l’origine issu de The Guardian. Comme précisé, celà dépend également du point de vue.
Or je pense que tous ceux ici seront d’accord avec moi sur les deux termes perçus au Canada : les expatriés viennent avec quelque chose, les immigrés viennent sans rien hormis un visa pour travailler.
J’avais enfin écrit un article à ce sujet : https://frenchwithbenefits.fr/blog/merveilleuse-vie-dimpatrie/
Enfin le terme d’immigrée ne me définit plus tant que ça finalement depuis que je suis devenue canadienne. Du moins pour moi 😉 Je me doute bien que les Canadiens me verront comme la Française qui a immigré ici.
J’en avais également parlé ici https://frenchwithbenefits.fr/blog/devenir-citoyens-canadiens/
Lisa
12 février 2012 at 3:27 pm@raphaëlle: Salut Raphaëlle, oui tu fais bien de faire remarquer que « expatrié » et « immigré » n’est pas la même chose ! Même s’il semblerait que le mot expatrié s’adresse aux deux cas.
Je suis moi-même immigrée comme Thierry et Stéphanie.
Aussi, je précise que si tu parcours le web Alain, tu vas trouver plein de gens très très contents du Canada. Il ne faut pas généraliser, tout dépend ce que tu es venu chercher et quelles étaient tes attentes dès le début. Malheureusement à part une interview à venir, aucune personne hyper heureuse (et n’ayant rien à redire sur le pays d’accueil) d’avoir fait le choix du Canada ne m’a contacté pour réaliser une interview… Ca viendra peut-être ! 🙂
Alice in Quebequie
12 février 2012 at 5:21 pmImmigrée ici depuis longtemps, je suis d’accord avec ce que Thierry et Stephanie ont dit (vous avez oubliez de bitcher le système de santé, y’a du relâchement 😛 ). Je rajouterais que la propagande du BIC sur le Québec, Eldorado de l’Amérique du Nord était certainement plus vrai il y a 5 ou 6 ans que maintenant. J’ai vu la situation se dégrader, et ça me fait hurler de rire (jaune) quand j’entends les gens dire qu’au Québec on n’a pas vu « la crise »….
C.
12 février 2012 at 8:09 pmIL est vrai que les sessions de l’ambassades sont de la propaganda ! Mais c’est ainsi, le canada base son économie sur l’immigration.
Après il y a des gens qui pensent inconsciemment que le Québec, c’est comme un petit bout de France et qu’on a comme un droit naturel à s’y installer et l’acceuil sera chaleureux. La vérité’ c’est que l’on est pas attendu et parfois on sent la moquerie du maudit francais ( je connais ça au boulot!). Je suis bien contente de vivre en Ontario d’ailleurs,
D’après un sondage que j’ai lu, 70 % des francais avec une RP repartent dans les 5 ans qui suivent leur installation. Donc rien n’est facile.
Pour les anglicismes…. moi ca me fait bien rire et je n’hésite pas à leur dire quand ils en utilisent (sans le savoir) tels que
je voudrais du support
Je cancelle mon appointement
aréna
faire application
et j’en passe!
Thierry
12 février 2012 at 6:37 pmTout d’abord merci à Lisa pour la publication. 😉
Tu as d’ailleurs très bien expliqué la différence de perception que peuvent avoir un Français qui a émigré au Québec et un autre qui est expatrié aux États-Unis… ce qui est fondamentalement différent.
Pour ma part, je n’ai jamais rêvé du Québec/Canada et je me suis lancé dans cette aventure un peu par hasard, avec une envie de changement. Je n’ai jamais renié mes origines (contrairement à beaucoup d’autres) et je ne m’assimilerai jamais à une culture qui ne me convient pas. Je m’intègre, oui, mais c’est tout.
Quant au retour, il est prévu… reste à savoir quand et dans quelles conditions. Mais chaque jour un peu plus, je me dis que je ne suis pas à ma place ici. J’ai un travail correct, une belle maison, je profite des joies de l’hiver (que je vénère), etc. mais les mentalités hallucinantes, le nivellement par le bas permanent, le niveau culturel affligeant, le système de santé effrayant me font beaucoup, beaucoup réfléchir.
Encore une fois, le Québec des touristes n’est pas le vrai Québec… Et de ce que je vois, cela ne va pas s’arranger.
DNA
12 février 2012 at 9:04 pm@raphaëlle:
Merci Raphaelle d’avoir rappellé la différence entre immigré et expatrié ! Trop de gens pensent que les français qui vivent à l’étranger sont des expats.
Pour notre part, nous nous considérons comme des immigrants, on a choisi d’être là et tout n’a pas été rose au début non plus !!
Au bout de 2 ans et demi, nous sommes contents de notre choix et de ce qu’on s’est construit içi, malgré d’autres choses déplaisantes (ahhhhh ce syst`me de s…… grrr)
Mais il y’a du bon et du négatif autant en France, qu’içi et ailleurs je suppose. Il faut juste pouvoir trouver le juste milieu.
Pour notre part, nous n’avions pas fuit la France, ni idéalisé le Qc avant de venir. Et heureusement, car la chute aurait fait vraiment mal !
Merci Stéphanie et Thierry pour votre sincérité dans cette interview.
Jean-Francois
12 février 2012 at 11:12 pmJe suis totalement d’accord avec les amis québécois car il y a deux catégories de personnes: Ceux qui ont voyagé, vécu dans un autre pays et ouverts aux autres puis ceux qui ne sont jamais sortis de leurs trous et qui disent que Toronto est la capitale du Canada (sic…). Mais bon, je pense que l’on peut appliquer la même recette à certains français. Ceci ne m’empêche pas d’avoir de superbes copines québécoises et qui sont plus délurées que les ontariennes!
Ensuite pour les anglicismes comme mentionne par C., je dis que c’est vrai que nous utilisons des mots anglais depuis toujours comme week-end, parking, tennis, etc mais en contre partie, je leur demande de décrire une voiture sans mot anglais (mon bumper, mes wipers ne marchent plus, etc…). J’en rigole d’avance et eux aussi 😉
Par contre, il faut reconnaître qu’ils ont un plus au Québec, c’est que l’on retrouve plus de produits de chez nous et ils ont de sacres fromages maintenant!
Thierry
12 février 2012 at 11:33 pm« Par contre, il faut reconnaître qu’ils ont un plus au Québec, c’est que l’on retrouve plus de produits de chez nous et ils ont de sacres fromages maintenant! »
Oui et puis pas chers, les produits français et les fromages québécois (plus chers que les fromages français importés…). De ce point de vue-là (gastronomie), pas photo : il y a de plus en plus de choses au Québec (mais c’est souvent très cher et de qualité contestable), mais quand on vient de la France… j’ai envie de dire « aïe ».
SANDRINE
14 février 2012 at 3:13 pmSuperbe interview!!!
Nous avons hâte d’être à nouveau parmi vous et dans votre belle maison
Alain
16 février 2012 at 7:06 am@Lisa
Ok, ça fait du bon sens, comme disent les Québécois en copiant le « it makes sense » anglophone. Du coup, ce qui m’intéresserait, c’est de voir le ressenti de quelqu’un qui serait passé du Canada aux USA.
De mon point de vue, le Canada est intéressant parce qu’accessible (en termes de visa, par rapport aux USA) et je le vois vraiment tout comme les USA avec un poil de francophonie et de services sociaux en plus. Donc un bon compromis pour moi qui ait aimé les USA et qui ne pense pas pouvoir rester en France trop trop longtemps…
Lisa
16 février 2012 at 10:37 pm@Alain: Oui oui je connais tu penses, je bosse avec des québécois 😉
Pour trouver quelqu’un qui a fait Canada puis USA ça ne va pas être facile. Tu remarqueras que les Français (en général) au Canada ne souhaitent pas du tout aller aux USA et inversement. Mais bon dès que j’en ai l’opportunité, je te donnerai mon ressenti 😉
Effectivement pour moi c’est un peu kif kif les deux pays bien que je trouve que le Canada ne prend jamais position sur rien, ce qui est à l’extrême opposé des USA. Ne va pas dire ça à un Canadien hein, tu vas mal te faire voir ! Ils détestent qu’on « ose » les comparer avec leur voisin !
Thierry
17 février 2012 at 11:19 pmIls détestent qu’on « ose » les comparer avec leur voisin !
… alors qu’ils font tout pareil !
yohan
21 février 2012 at 6:47 pmTout d’abord un grand merci aux proprios de ce blog et à toutes les personnes qui ont apporté leurs témoignages. Ce que je vais dire ne se veut en aucun cas une provocation mais juste une réflexion que j’avais envie de partager avec vous, chers collègues expatriés….;-)
À la lecture de vos témoignages, je n’ai pu m’empêcher d’avoir la réflexion suivante: que diriez-vous si on vous disait « le Canada, tu l’aimes ou tu le quittes ? » comme si vous étiez des citoyens de seconde zone n’ayant pas droit à la parole.
Étant antillais étant né et ayant grandi à Paris, dans un certain climat, je veux juste vous faire prendre conscience de certaines choses et de relativiser vos « mésaventures ». Car, sincèrement, il vaut mieux être un étranger au Canada, même si tout n’est pas parfait, qu’en France. J’espère que vos expériences vous permettront de mieux comprendre, peut-être, les raisons du malaise qui existe en France.
Je trouve également malheureux qu’il ait fallu que je viennes jusqu’au Canada pour me sentir français et que le consulat m’appelle « monsieur » et me donne une certaine considérarion. Qui a dit que l’herbe n’était pas plus verte ailleurs ?
Merci de ne pas censurer mon message et encore bravo pour ce blog.
Yohan
Lisa
21 février 2012 at 7:24 pm@yohan: Les immigrés au Canada sont d’ailleurs très fiers d’être canadiens (ou de vivre au Canada) et n’hésitent pas à être aux couleurs du pays. Ce qui est impensable chez nous en France !!
Cela vient certainement du fait que toutes les cultures ont leur place ici et qu’on ne te jugera pas sur tes croyances ou quoique ce soit. Du moins pour les grandes villes, ailleurs je ne sais pas trop !
Et non, nous ne censurons que les messages qui n’incitent pas à une critique constructive et/où tiennent des propos extrêmes. Tu es donc le bienvenu 🙂
Antonio
22 février 2012 at 6:51 pmSalut tout le monde ,
Je viens de quitter Toronto où j’ai passé 11 mois fantastique dans une ville avec un multiculturalisme merveilleux (on ce croirait parfois en Jamaique,au Philippines,en Inde encore au Portugal ahahah :p) et ça moi j’adore. (chacun ses opinions que je peux comprendre et que je respecte) Mais ce que j’ai encore plus adoré c’est qu’a Toronto tout les immigrés sont fiers d’etre Canadiens et respecte les coutumes du pays pas comme en France où les Arabes ce sentent comme au pays et prie en gélaba en pleine rue et ne respecte rien de ce si beau pays qu’est la France.(Pas tous evidemment il ne faut pas mettre tout le monde dans le meme panier)
Bref . . .cet été je me suis rendu à Québec city et je suis tombé sous le charme de cette ville mais malheuresement je viens de démenager à Guadalajara au Mexique pour raison personnelle.J’aimerais venir m’installer avec ma compagne(que j’ai rencontré à Toronto) à Québec city dans 2-3 ans.Mais voilà les problèmes :elle est Mexicaine et ne parle pas un mot de Français et moi je ne suis pas « blindé » de diplome j’ai seulement un bac au Brésil et j’ai fait 1 ans d’université à Paris sans avoir terminé mon cursus universitaire.
D’aprés vous qui etes sur place ais-je une chance de trouver un emploi ainsi que ma compagne sachant qu’on est pas dans les meilleurs conditions . . .(Moi j’ai peut etre un avantage,j’ai également un passport Portugais et je domine le Français, correctement je pense en plus du Portugais,de l’espagnol et de l’anglais)
Merci pour vos futur avis et conseils.
Lisa
25 février 2012 at 11:59 pmAvis aux futurs commentateurs: Merci de ne pas dévier du sujet.
Eric Giguere
31 décembre 2013 at 7:16 amAlors, ils se plaisent a Quebec ou non ? Pas sur apres avoir lu cette interview remplie de prejuges. Moi ce que j’ai reternu c’est que les Quebecois sont betes, mechants et incultes par dessus le marche. Le Quebec n’est pas l’eldorado ? Bien sur que non, combien de fois faudra-t-il le dire ? Mais nos deux moineaux y sont presque il me semble ; une job de fonctionnaire pour un nouvel immigre, c’est bien, tres bien meme, cela ferait rever plusieurs Quebecois. Et des jobs de m….. avec des collegues odieux, on en a tous eux, meme les Quebecois comme moi. Peut-etre que Mosieur et Madame aimeraient avoir tout roti dans le bec ? Il faut lire un peu sur l’histoire du Quebec, ou mieux encore, demandez aux Quebecois et ils vous diront que le Quebec revient de loin ; le vin est relativement nouveau dans la vie de tous les jours et pendant longtemps le seul fromage a ete le cheddar, c’est tout dire ! Au lieu de denigrer les Quebecois qui prennent l’apero au vin rouge a 15h, Thierry devrait en profiter et se compter chanceux ! Le terme » maudit franciais » ne s’applique plus de nos jours, il est entre dans le folkore. S’il est utilisé, c’est dans un contexte historique ou humoristique. S’ils se le sont faire dire, c’est qu’ils l’ont merite j’imagine ! Les Quebecois aiment les Francais et les apprecient. Heureusement, ce ne sont pas tous les Francais qui restent dans leur bulle francaise comme ce couple.