J’avais envie de faire un article là-dessus car on entend très souvent dire que les deux marchés sont très différents. En gros les Canadiens seraient plus souples que les Américains et ces derniers seraient beaucoup plus exigeants.
Je vous dirais que… ça dépend…
Un marché très concurrentiel
Les États-Unis sont un marché excessivement concurrentiel et il faut se battre pour faire sa place. Si vous débutez en tant que freelance, pas de soucis, tout le monde à sa place mais il ne sera pas forcément super évident de se faire un nom. Les clients ont un choix infini et peuvent vérifier vos « reviews » un peu partout sur la toile. Ce n’est pas forcément lié aux États-Unis mais bien à internet qui fait désormais en sorte de tout noter afin de rassurer le client. Du coup, comme il est désormais possible de voir les notes d’à peu près n’importe qui sur le web (surtout de boites ! C’est pas encore Black Mirror non plus ;), il est très facile de faire son choix et de ne garder que les meilleurs. C’est le jeu !
Par exemple, la plateforme Upwork récompense les freelances qui ont une note minimum égale à 90% de clients satisfaits. Si vous avez moins que ça… votre place n’est pas toujours garantie sur la plateforme ! Du coup, vous devez toujours être au top. Ce qui n’est pas forcément toujours évident mais c’est ainsi !
Les Américains fonctionnent beaucoup comme ça. Vous êtes au top et c’est très bien, si vous ne l’êtes plus ben au revoir et au suivant ! La concurrence est telle que le choix est quasi infini. Il faut donc toujours proposer un petit truc en plus. De mon côté je suis ultra responsive (pas comme mes avocats ! Paf je colle ça là !), ce qui veut dire que je réponds aux demandes clients en un temps record, ce qui leur plait beaucoup et me permet de me démarquer des concurrents qui peuvent mettre des jours à répondre. Bon forcément si le boulot ne suit pas derrière, ça ne marche pas hein !
Tout feu tout flamme
Si les Canadiens sont plus long à la détente, c’est parce que le choix est souvent plus limité. Forcément quand on habite un pays de 36 millions d’habitants, la concurrence est moins rude qu’avec le voisin du sud et ses 325 millions d’habitants !
Du coup, sachant qu’ils ont le temps, ils ne se précipitent pas forcément mais sont beaucoup plus fidèles. Ils mettent du temps à vous sélectionner mais vous gardent ensuite longtemps ! (Bon, si ça ne colle pas, évidemment qu’ils ne vous gardent pas) J’ai par exemple pas mal de clients Canadiens depuis des mois ou alors si on ne bosse pas ensemble sur un temps donné, ils me recontactent plus tard et me proposent un contrat de 3-6 mois.
Les Américains sont tout feu tout flamme, ils ont plus de budget et n’ont pas peur d’investir (parfois à perte). Du coup ils embauchent et puis… peuvent finalement réaliser que ça n’a pas de sens sur la longueur et du coup… mettent fin au contrat. C’est un peu rageant mais c’est comme ça. Mes plus gros clients sont Américains mais ce ne sont pas forcément les plus fidèles. Par contre vu le taux de change (le dollar US vaut 30 % de plus que le Canadien !) ça vaut vraiment le coup… ! Mes clients Canadiens sont malheureusement beaucoup plus limités niveau budget mais je bosse souvent depuis facile 1 an avec chacun d’entre eux. A choisir quels clients pour moi sont les plus rentables financièrement parlant ? Les Américains sans aucun doute…
Les Américains plus expansifs ?
En général je dirais que oui. Mais de mon côté, surtout avec la clientèle féminine. C’est bien simple, dans ce que je fais, il y a 9 hommes pour 1 femme (et encore je suis gentille !). Autant dans pas mal de professions liées au digital, il y a maintenant autant de femmes que d’hommes (graphic design, social media etc.) mais dans mon domaine, il n’y a… que des hommes ! C’est assez déprimant quand on y pense mais ça me permet de capter la clientèle féminine qui cherche à travailler avec une femme de préférence.
Les Américaines sont généralement très expansives mais attention, il y a un gros côté j’en fait des tonnes certes mais ça ne vaut pas dire qu’elles ne le pensent pas. Souvent elles vont le penser sur le moment, au téléphone, par email mais ça ne veut pas dire que ce sont vos meilleures amies non plus ! Il est donc plutôt facile, avec une Américaine, de savoir si elle apprécie votre boulot. J’ai quelques clients masculins qui sont très expansifs aussi et c’est tant mieux ! Par contre, pour d’autres, c’est à peine si j’arrive à comprendre comment ils fonctionnent. J’obtiens juste un « merci » voire aucune réponse et ils reviennent me demander de bosser pour eux… Donc j’imagine que mon travail leur plait mais bon c’est clair que ce n’est pas toujours évident de savoir non plus…
Avec les clients Canadiens, la plupart sont sur la réserve. C’est TRES canadien. Sauf au téléphone où je trouve les gens un peu plus expansifs et enthousiastes mais sinon ils restent très formels, très cordiaux. Ils ne veulent pas du tout en faire des tonnes.
Il faut donc savoir doser entre le « je t’adore tout est génial » et le « merci. Bien à toi. » Je préfère personnellement la première formule et honnêtement je n’ai jamais eu de clients super positifs qui après m’ont jeté comme une vieille chaussette ! Mais cela prend aussi pas mal de temps d’arriver à lire entre les lignes. Quand on a pigé le truc par contre, ça devient beaucoup plus facile.
Apprendre tous les jours !
Les Canadiens sont souvent un peu à la ramasse sur pas mal de choses et du coup ils ont souvent 2/3 ans de retard avec les USA. Je dirais que c’est un peu normal parce que vu le peu d’habitants ici (après tout même la Californie a plus d’habitants que le Canada !!!), il faut pas mal de temps avant qu’un projet voit le jour. Alors qu’aux Etats-Unis, clairement, tout va très vite !
Du coup, il est beaucoup plus facile d’apprendre et de tester de nouvelles choses avec un client Américain. Ils testent généralement des technologies ou des logiciels qui sont tout nouveau alors que les Canadiens feront la même chose 2/3 ans plus tard. Pour preuve, j’ai désormais beaucoup de demandes de Canadiens pour du freelance alors qu’il y a encore 2 ans, je n’avais quasiment aucun client Canadien ! (Par contre le problème qui se pose souvent sont mes tarifs ! N’oubliez pas que les Canadiens ont moins de sous que leurs voisins… J’arrive quand même à trouver hein je vous rassure mais c’est tout de suite plus problématique qu’avec un Américain qui ne va jamais discuter mes tarifs)
La préférence nationale
Les Canadiens préfèrent quasiment toujours travailler avec des Canadiens. D’abord le taux de change n’est pas monstrueux comme aux USA (+ 30 % le dollar USD vs CAD !) et ensuite il y a comme une envie de faire travailler les gens de son pays. Et malgré que je sois dans une province dont quasi tout le monde se fout (si, si c’est pas la SK ou le MB mais quand même !), la plupart des mes clients sont en Ontario ! Comme quoi, il ne doit toujours pas y avoir la main d’oeuvre là-bas ! (en 2013 déjà c’était assez fou le peu de candidats sur le marché…)
Aux Etats-Unis c’est similaire, bien que j’ai énormément de clients Américains, certains sont très réticents à faire travailler quelqu’un en dehors de chez eux. Je pense qu’il y a une peur de devoir payer des taxes en plus ou que ce soit trop compliqué et puis malgré que je sois ULTRA proche, ça reste plus facile de faire bosser un Américain qui peut-être, sait-on jamais, aura envie de bosser plein temps pour eux au bout d’un moment. Forcément, en tant que Canadien, les visas et tout et tout c’est pas la même chose. Mais enfin j’ai quand même eu une agence qui m’a mise sur un contrat pour Obamacare en sachant très bien que je suis Canadienne, donc… si vous êtes bon hein y a pas de raison ! Je suis aussi leur seule freelance au Canada ! Ils ne bossent qu’avec des Américains d’habitude.
Aussi sachez qu’il existe un formulaire (le W8-BEN) pour tous les Canadiens (basés au Canada) qui bossent pour des Américains. Cela permet de ne pas payer d’impôts aux USA (être doublement imposé quoi) et c’est très facile à remplir. Votre client Américain vous demandera de le remplir dans tous les cas.
Aucun commentaire