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Anecdote

Passer des entretiens avec la fonction publique canadienne (Part 1)

Cela fait quelque années que je travaille dans la fonction publique canadienne. Contrairement à la France, il n’y a aucun concours à passer pour y entrer (du moins dans les boites par lesquelles je suis passée), il suffit d’obtenir un poste permanent et vous devenez officiellement fonctionnaire de la fonction publique avec ses avantages (nombreux) et inconvénients (financiers !).

En 2016, j’ai passé deux entretiens dans des boites publiques et j’ai trouvé ça tellement… particulier que j’avais envie de vous en parler ! Juste parce que voilà c’est plutôt poilant ! Evidemment, il s’agit de ma propre expérience et ce sera surement différent ailleurs ! N’hésitez pas à en parler si vous aussi vous bossez pour la fonction publique canadienne ou si vous avez passé des entretiens avec eux !

Avant-propos

Il est difficile de travailler dans le public au Canada si votre profil ne présente que des entreprises privées. Autant il est commun de passer du public au privé, autant il est rare de faire l’inverse ! Cela s’explique du fait que les recrutements en interne sont très nombreux et que le public a tendance à recruter sur recommandation si vous ne venez pas de chez eux.

De ce fait, si vous n’avez pas un profil « public », il faut que le recruteur soit plutôt ouvert d’esprit (souvent quelqu’un qui vient du privé !) ou que votre poste soit tellement spécialisé que le public n’aura pas d’autres choix que de vous proposer un entretien !

Mon profil étant très spécialisé, j’avais eu mon premier contrat dans le public (3 mois !) dans une université de Toronto tout début 2011 mais le public étant ce qu’il est, ils ont rarement les fonds d’embaucher des gens à plein temps. C’est d’ailleurs la première fois de ma vie que deux personnes m’ont proposé d’être mes références. (A l’époque, je ne savais même pas ce que c’était ! Et entre temps l’une des références est… morte. Oui ! Et l’autre a fait une dépression et je n’ai plus aucune nouvelles depuis facilement 2013. Oui, ça fait un peu maudit dit comme ça hein !)

Mais bref, tout ça pour dire que j’avais adoré bosser à la fac et que j’ai tenté (vainement) d’y retourner pendant 3 ans. Et même quand mon profil collait parfaitement, on ne me rappelait jamais ! C’est bien simple, je n’ai absolument eu aucun entretien avec les universités de Toronto. (J’avais même tenté une Université assez loin en banlieue et euh… non rien !)

Entre temps, j’ai bossé pour deux organismes publics francophones. Alors ça évidemment, si vous êtes francophone, c’est tout de suite moins difficile de travailler dans le public franco ! Ils ont tellement de mal à recruter que vous avez quand même pas mal de chance d’être rappelé.

Et puis quand on est rentrés en France, contre toute attente, j’ai réussi à décrocher un entretien pour une fac canadienne à Calgary. Je pensais qu’ils ne me rappelleraient jamais mais disons que cette fac est plutôt très moderne et j’ai même obtenu mon poste via Skype ! (Le directeur et la manager m’ayant recruté étant du… privé !)

Décrocher un entretien dans le public… anglophone !

Alors forcément dans le public francophone, quand on habite hors Québec,  c’est plus simple puisque trouver de la main d’oeuvre qualifiée qui parle français est super… compliqué. Mais dans le public anglophone c’est une autre paire de manches puisque concrètement, 95 % des gens sont anglophones en dehors du Québec !

C’est simple, si vous ne connaissez pas quelqu’un, c’est quasiment mort. Et si en plus vous n’avez jamais bossé dans le public, c’est deux fois plus mort. SAUF si les managers sont ouverts à embaucher quelqu’un du privé ou qu’ils galèrent à mort pour recruter. Ce qui est possible dans les deux cas mais plutôt rare.

La technique que j’emploie est plutôt simple et relativement efficace : tenter de trouver le recruteur et lui envoyer un petit email pour expliquer pourquoi vous seriez un bon candidat. Concrètement ça a 50 % de chances de marcher si votre profil colle parfaitement au poste. S’il ne colle pas, c’est peine perdue. Cette technique m’avait permis à une époque de décrocher un entretien dans une très grosse institution publique de Calgary. –> Dont mon profil collait à 95 %.

Au final, j’avais été un peu deg parce que j’avais trouvé que j’avais super bien réussi mon entretien mais une personne avec un peu plus d’expérience que moi (et venant du privé !) avait eu le poste. –> En fait j’ai découvert bien plus tard qu’elle faisait partie de l’ancienne équipe et de l’ancienne boite du recruteur. (Bummer!)
Du coup j’avais quand même été moins déçue que s’ils avaient embauché à l’interne. Parce que oui ça… Que ce soit le privé ou le public c’est une plaie. On vous fait croire qu’il y a une place à prendre et en fait ils donnent le poste à quelqu’un en interne même si vous avez passé 10 entretiens derrière ! C’est juste au cas où, on ne sait jamais quoi… savoir si la personne va pas dire non au final… Bref débile ! —> Mais possible, OUI, c’est arrivé à ma boss. Qui joue de malchance en général. Je pense que son deuxième prénom est guigne.

Alors que je regardais depuis plusieurs mois si des offres dans ma branche ne s’ouvraient pas (Calgary, récession, ma branche… ouais pas le super combo !), 2 mois avant de reprendre à ma fac, je tombe sur deux offres dans deux institutions similaires. En gros, si on veut une carrière dans le public, on va à l’une ou à l’autre. Les deux postes me correspondaient et puisque c’est public ET syndiqué (ça t’as genre, pas le choix ! Sauf si t’es directeur ou exempt, des postes assez rares. Mon cas cependant à mon ancien job !), les salaires sont indiqués avec le minimum et le maximum que vous pouvez toucher. (Ca c’est important pour la suite !)

Je décide alors de postuler et je contacte par la même occasion deux contacts que j’ai dans l’une et l’autre institution. Je ne les connais pas vraiment pour info, j’ai rencontré le premier durant mon entretien qui n’a pas fonctionné (donc a priori, pas la meilleure des références !) et l’autre est une personne avec laquelle j’ai vaguement discuté lors d’un événement commun qu’on avait avec ma fac. Bref c’est pas gagné mais… on sait jamais. Ah oui surtout que mon deuxième contact s’est carrément barré en Australie entre temps ! (Re: Bummer)

J’ai également réussi à glaner des infos pour un des deux jobs en faisant une recherche sur LinkedIn pour regarder si une personne avait le même titre que celui pour lequel je postulais. Effectivement il y en avait une. La nana m’a répondu très rapidement et m’a donné quelques infos en plus. Il s’agissait en fait d’un remplacement de congé maternité. Etrangement, la personne en question ne semblait pas être sur LinkedIn. Dans ma branche c’est assez… étonnant.

Après avoir postulé, il n’y a plus qu’à attendre. On appellera les deux boites Boite A et Boite B.

Environ 1 mois plus tard, je reçois l’appel des RH de Boite A, ils veulent me voir pour un premier entretien la semaine prochaine. Ok cool. C’est parti ! Puis le lendemain, Boite B m’appelle (La manager directement cette fois) et me propose un entretien la veille de Boite A.

Il est à noter que Boite A et Boite B étaient les deux boites où je souhaitais absolument rentrer. Avec une préférence pour Boite B que je mettais en numéro 1 et Boite A en numéro 2. J’ai aussi un numéro 3 mais bon, eux ils recrutent genre… jamais !

Passer un entretien (ou deux ou trois !) dans le public et… attendre… la… réponse !

Boite B

L’entretien pour Boite B arrive. Comme c’est ma grande favorite et que j’ai déjà pas eu un poste chez eux il y a 2 ans, je ne suis pas forcément méga confiante. Surtout que ce type de boite peut parfaitement avoir un candidat favori en internet mais ça… on ne le découvre que si cette personne a LinkedIn plusieurs mois plus tard !

Et en plus, comble de malchance (ou pas!), le manager que j’ai rencontré deux ans plus tôt est dans la salle… Au moins, ce n’est pas comme si on ne s’était jamais vus !

Au final l’entretien est plutôt basique, bon évidemment, je ne l’ai pas précisé, mais on ne se pointe pas à un entretien pour un poste très spécialisé quand son anglais n’est pas bilingue. Ca c’est la meilleure façon de se faire recaler direct.
En gros, les questions tournent quand même pas mal sur ce que j’ai fait dans… le public ! Bon je m’y attendais un peu. Le privé, ils s’en fichent complètement. C’est à peine s’ils me posent des questions dessus.

A l’inverse du privé, ils ne demandent pas si je passe d’autres entretiens et si j’ai un salaire en tête. Non, c’est le public, je serai forcément contente de ce qu’ils voudront bien me donner. Humm.

Je pose plusieurs questions, je sens qu’il y a un bon feeling avec la manager. A la fin (puisque ça n’a pas été précisé), je demande quand est-ce que j’aurais une réponse. Semaine prochaine, a priori. Avec le public, on ne sait jamais trop. Vous verrez bien, on est méga pressés mais en même temps pas tant que ça quoi. Ok.

Boite A

Etrangement, Boite A a des locaux super modernes. Je m’attendais à des bureaux fermés un peu partout (comme à Boite B) mais pas du tout, ils ont des cubicles certes, mais il y a des salles de réunion vitrées et les gens sont plutôt bien habillés ! Alors que Boite B bon clairement l’habillement n’est pas une priorité. Une nana a même à moitié rigolé en me voyant bien habillée. (C’est à dire sans jean, sans hoodie et sans baskets quoi) Il est clair que c’était évident que je venais pour un entretien…

Les gens ont l’air beaucoup plus jeunes aussi. Trentenaires. Les filles portent des talons hauts. Bref je me croyais davantage chez Pearson & Hardman.

Il y a 3 personnes à l’entretien et ils me sortent un manuscrit de 50 pages qui est en fait une liste de questions. Bon… Ca va être long ! Les questions sont en plus super techniques et pas hyper faciles avec pas mal de mises en situation (ce dont Boite B se cognait royalement) mais je connais bien le job (j’ai déjà fait la même chose à Toronto) et n’ai donc aucun souci à répondre.

A la fin, on m’annonce que la réponse sera donnée dans… 3 semaines. Ce qui me semble aberrant. En fait, dans 3 semaines, je saurais que je n’ai pas été prise. Si on me contacte avant par contre, ce sera bon. Mais évidemment, ils ne vont pas se mouiller aujourd’hui. (Et ça c’est ma déduction parce que dans ma branche, on te contacte généralement au max une semaine plus tard si ton profil a plu)

Encore une fois, ni on ne me demande si je vois d’autres boites ni on ne me parle de salaire. Ok.

Suite au prochain épisode !

L'auteur(e)

Arrivée au Canada en 2010 avec une RP en poche, Lisa a vécu 3 ans à Toronto et vit depuis 2014 à Calgary. Elle est devenue canadienne en 2015 juste avant la naissance de son fils, un petit franco-canadien. Elle est désormais freelance à plein temps et maman de deux enfants.

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