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Anecdote

[Boulot] Lipstick on a Pig

Mis à jour le 13 avril 2022

Quand j’ai commencé mon boulot chez boite B, j’ai clairement rencontré la meilleure manager de ma carrière mais pas les meilleures collègues ! Je suis tombée sur deux cas sociaux, comme il peut y en avoir dans le public (mais pas que dans le public !) et surtout deux caricatures qui auraient leur place dans l’excellent Carnet de thèse ou dans la série Parks and Recreation.

Ma première collègue qui partageait le bureau avec moi pendant quelques mois était une asociale de première mais qui arrivait très facilement à le cacher devant des gens qu’elle ne connaissait pas. Elle m’avait d’ailleurs fait bonne impression lors de mon entretien avec l’équipe et m’avait même envoyé un petit message sur Linkedin pour me dire qu’elle était super contente qu’on travaille ensemble. C’est sans déconner la seule fois où elle m’a « parlé ». Pas que je n’étais pas habituée aux asociales du public, fallait voir mon ancienne collègue qui en tenait une sacrée couche aussi mais qui était en vrai, adorable. Juste super bizarre. Du genre à garder la porte fermée du bureau jusqu’à ce qu’on étouffe limite et à ne même pas se pointer aux réunions de famille où elle nous avait invité… Du coup on s’est retrouvés au moins deux fois avec Mister et T.J. à des événements familiaux où elle n’était même pas là ! Partant de ce constat, forcément, vous pouvez vous douter qu’elle mettait a priori des plans à quasiment tout le monde. Heureusement qu’on connaissait très bien sa famille hein.

Pour en revenir à ma collègue de bureau chez Boite B, elle ne m’a strictement JAMAIS adressé la parole. C’en était presque flippant. Elle griffonnait aussi toute la journée des trucs dans une sorte de journal intime, je ne sais pas si c’est son psy qui le lui avait recommandé (c’était clairement un journal de bord, une fois elle l’avait laissé grand ouvert sur son bureau et avait eu quelques secondes d’intense flippe en se disant que je l’avais peut-être lu. J’aurais bien aimé mais non… J’avais juste rapidement jeté un oeil à la page ouverte en question. Ca me semblait tellement flippant que je n’avais pas osé parcourir les autres pages…) mais au moins disons qu’elle essayait de traiter des petits soucis mentaux… Clairement, je pense qu’il lui manquait une case.

Elle passait aussi toute sa journée à chercher du boulot sur Linkedin et Indeed. Ca à la limite ça ne me dérangeait pas hein !

Et puis après 6 mois, elle s’est enfin barrée… Par le plus grand des hasards elle a obtenu un poste de manager dans un autre département. J’ai tout bonnement halluciné, la nana aurait très sérieusement pu être tueuse en série. Flippante au maximum. Elle n’a pas gardé le poste plus d’un an (c’était un remplacement) mais quand même quoi… Je sais bien qu’elle passait bien aux entretiens mais je pense que c’était clairement la PIRE manager au monde. La nana n’avait clairement aucune social skills !!! Il parait que ça a été tellement catastrophique que même mon collègue qui n’est pourtant pas du genre à gossip m’a dit qu’elle avait une réputation horrible. Pas que ce soit étonnant ni non mérité !

Mon autre collègue m’avait d’ailleurs rapporté qu’elle s’était faite virer et que c’était bien mérité. Important pour la suite. (Surtout que – Important pour la suite, encore une fois – la tueuse en série s’est recasée super vite derrière ! Tant mieux pour elle, pas pour sa nouvelle équipe !)

Lipstick on a Pig

Mon autre collègue (nous étions 4 incluant ma manager) m’avait fait mauvaise impression dès le début. Renfrognée, du genre à tester les candidats durant les entretiens histoire de mettre à jour des vérités cachées (selon elle, la plupart des gens mentent sur leur CV. C’est effectivement le cas pour certains mais pas pour moi…) et surtout pas avenante du tout. Mais genre, PAS DU TOUT. (En anglais, il y aurait deux adjectifs pour la décrire : sluggish et surly.)

Toutes mes craintes se sont très rapidement confirmées. Nana ultra négative, à la limite d’être imbuvable. Madame je sais tout qui en plus, passait sa vie à raconter des histoires absolument sans intérêt et à poser 4000 questions juste pour poser des questions lors de réunions ou pire… argumenter pendant 2000 ans sur des trucs dont tout le monde se foutait.

Alors que je travaillais sur un projet et que j’avais démarré ce job depuis peut-être 3 semaines, elle vient un jour me voir pour me dire que ce que je faisais était « Putting lipstick on a pig« , ce qui veut dire tenter de rendre plus beau, un truc déjà très moche ou plus simplement faire quelque chose qui ne sert à rien. Comment engager une conversion en 2 leçons !

Je ne connaissais pas du tout cette expression à l’époque mais ça ne m’avait pas semblé positif, loin de là. Et ca ne l’était évidemment pas ! Du coup elle en avait profité pour critiquer Boite B pendant une bonne demi heure et me dire qu’en gros je ne servais à rien parce que la personne avant moi avait aussi tenté d’améliorer les choses et ça n’avait pas marché. J’avais trouvé que c’était certainement la chose la plus impolie qu’on m’ait jamais dite depuis que j’ai commencé à bosser ! Même en y mettant la meilleure des volontés, j’avais eu beaucoup de mal à cacher mon agacement. (Et pourtant me connaissant, ça semble TRES improbable. Mais là franchement… J’étais pas loin du pétage de câble.) Si bien qu’elle avait fini par partir et ne plus me parler pendant une semaine. A l’époque, j’avais même hésité à en parler à la manager et puis j’en avais parlé à mon prédécesseur qui m’avait en gros dit que… Ouais j’étais pas au bout de mes surprises.

Et puis finalement ma collègue avait fini par drôlement m’apprécier, du style à limite devenir sa meilleure amie. La blague. Elle voyait en moi une sorte de collègue idéale qui ne se prenait jamais la tête et surtout avait des ambitions toutes autres que rester dans le public, chez Boite B. (Vous voyez Ryan dans The Office avec le bureau de Scranton, ben voilà, c’était moi.) On partageait en plus un amour inconditionnel des Etats-Unis (certains aspects hein !) ce qui l’avait poussé à me ramener des guides sur l’Arizona et à planifier notre voyage……………. Oui, elle était comme ça. Un côté bourru insupportable mais quelque chose d’attachant. (Et Mister avait jeté tous ses guides parce que… au fond, on en avait rien à foutre. Ouais.)

Si bien que j’avais été ok de partager un bureau avec elle quand on a déménagé dans un autre building. L’erreur ultime…. Parce que oui elle avait des côtés attachants mais tout le reste prenait le dessus et elle était absolument insupportable.

La situation a tourné au vinaigre quand deux nouveaux collègues ont rejoint l’équipe et qu’elle a joué le même jeu du « lipstick on a pig » avec eux. Sauf que ça n’est pas passé mais alors pas passé du tout. Si bien qu’elle s’est retrouvée très isolée jusqu’à ce que… toute l’équipe finisse par se plaindre d’elle auprès de ma manager. Qui gentille comme elle est n’avait jamais osé rien lui dire même si ma collègue était tout bonnement insolente avec elle !

Photo envoyée par mon collègue pour décrire ma collègue. La description officielle de Bourriquet sur Wikipedia : « […] mélancolique et pessimiste qui, bien qu’acceptant son infortune et les aléas de la vie, n’a que rarement le moral. […] Il ne parle généralement que pour présenter des excuses ou se plaindre. […]En de rares occasions se devine sur son visage un sourire […] » Quand on pense qu’elle se décrivait comme étant « fun et toujours prête à aider », ça porte à sourire… ou à déprimer. Je sais pas trop. Pour elle, quoi.

La fin d’une époque !

Mais avant que ma manager se décide enfin à faire bouger les choses = la dégager (elle était chez Boite B depuis plus de 4 ans, au même poste), j’ai quand même passé plus d’un an dans le bureau avec elle. Les gens me demandaient comment je faisais. Je ne pouvais tout bonnement plus la supporter, j’étais toujours à deux doigts d’exploser. Ce qui devint extrêmement problématique car ma manager ne voulait absolument pas me perdre.

Le plus triste dans l’histoire c’est que je suis persuadée que ma collègue me considérait toujours comme sa plus fervente alliée et amie… Ce qui me fait quand même penser qu’elle était plus qu’à côté de ses pompes. Ou que je suis vraiment super, ultra canadienne puisque j’arrive à vachement faire semblant. Mais enfin honnêtement, vers la fin, même ma chef voyait que je faisais la gueule et connaissant ma chef qui ne capte même pas quand vous lui faites un clin d’oeil pour tenter de lui dire un truc… voilà quoi.

Du coup, comme elle était très à l’ouest, elle n’a pas vu le couperet tomber. Enfin si, quand ma chef lui a envoyé une demande de meeting lui demandant de venir avec le syndicat, ça sentait le roussi. Quand même. Mais je crois qu’elle ne pouvait tellement pas y croire qu’elle s’est dit que ça devait peut-être être un simple avertissement. Elle a quand même protégé son ordi par mot de passe et ne l’a pas filé à ma chef histoire de l’emmerder, comme toujours. (Et puis elle a fait d’autres trucs derrière qui font tellement pitié que je ne préfère pas les mentionner !)

Evidemment, après le meeting, on lui a demandé de prendre ses affaires et de quitter les lieux. On lui avait sorti la même excuse pourrie qu’à moi en 2013. Mais malheureusement, je crois qu’elle y a cru… ou plutôt, elle ne pouvait pas se résoudre à se remettre en question.

Ca nous a un peu rendu triste avec mes collègues. Se dire qu’à plus de 50 balais, elle était complètement dans les choux, malgré qu’elle ait déjà été virée plusieurs fois durant sa carrière…

Le pire dans tout ça étant qu’elle m’a envoyé un texto quelques heures plus tard pour me demander si je lui manquais. J’ai répondu par un simple « à ton avis ? », auquel elle n’a jamais répondu. Pas si Canadienne que ça finalement.

PS : si ça vous intéresse, Mister m’a envoyé cet article cette année qui la décrit à 200 %.

L'auteur(e)

Arrivée au Canada en 2010 avec une RP en poche, Lisa a vécu 3 ans à Toronto et vit depuis 2014 à Calgary. Elle est devenue canadienne en 2015 juste avant la naissance de son fils, un petit franco-canadien. Elle est désormais freelance à plein temps et maman de deux enfants.

4 Commentaires

  • Racinette
    25 août 2019 at 5:52 am

    J’adore le « À ton avis !! » et j’admire ton courage.
    Ce que j’ai du mal à comprendre, c’est pourquoi les gens ne se disent pas poliment les choses en face quand ça va pas. C’est tellement plus simple !

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    • Lisa
      25 août 2019 at 7:46 am

      Disons qu’au Canada ce n’est pas évident. Les gens étant très passive agressive et puis dans le cas de cette ex collegue… bonjour !

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  • Maëlle
    20 octobre 2019 at 7:56 am

    Purée j’admire surtout ta patience. Mais je comprends tout à fait cette ambiance pour la voir de temps en temps dans mon boulot aussi (Montréal). Étant dans le para-public c’est tellement compliquer de virer quelqu’un que pas mal de boulets d’y retrouvent!

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    • Lisa
      20 octobre 2019 at 8:46 am

      Oui ! Je t’avoue qu’à la réflexion et depuis que je bosse de chez moi avec mes clients, je pense que j’aurais pas été patiente comme ça si j’avais bossé avec elle en 2020 😉 Mais bon, c’est bien d’apprendre et de se rendre compte !!!

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