Quand j’ai eu 21 ans, j’ai fait mon tout premier road trip avec Mister, en Allemagne. A l’époque, je me souviendrais toujours de ce que mes parents avaient dit « Oh toi, les voyages, vivre ailleurs c’est pas ton truc. Tu resteras toujours en France ».
C’est la toute première fois que je suis partie sans mes parents, avec leur voiture, pendant une dizaine de jours avec un plan bien établi de ce que nous allions voir et faire. On l’avait fait avec une simple carte routière, sans GPS et on s’en était très bien sortis malgré quelques petits pépins inhérents à la un road trip. Cette année là, Mister m’a demandé en mariage et je crois que ça a finalement scellé notre destin. Une demande de mariage à l’étranger après des bornes et des bornes avalées sur les routes. Nous deux et puis pas grand chose d’autre.
Deux ans plus tard, j’ai fait la connaissance de ma copine O. qui m’a parlé du Canada et de tout ce que le Canada représentait à ses yeux. Elle en parlait avec des étoiles plein les yeux de ceux qui aiment se remémorer un bon souvenir maintenant passé. J’avais déjà eu envie de partir faire mes études aux USA mais il y avait Mister et puis partir seule, ça ne me bottait pas trop. Je ne suis pas sociable à ce point là. Entre temps, il y avait eu plusieurs autres road trips mais en France principalement.
Et puis après avoir entendu le discours de O., je me suis décidée. Ca a été instantané, moi qui n’avais jamais quitté mes parents, j’avais décidé de partir à l’aventure, comme ça !
Partir et réussir au Canada
Encore 1 an plus tard, j’ai annoncé à tout le monde que je partais. Au bureau, je me souviendrais aussi toujours de ce mec qui m’avait dit que « Le Canada c’est beau, tout ça mais tu verras après 3 ans, tu penseras qu’à la France, tu reviendras et l’étranger ce sera fini pour toi ». A l’époque, déjà, les gens négatifs n’avaient aucune place dans ma vie. Surtout venant de la part de quelqu’un qui n’avait jamais été au Canada de sa vie et n’irait surement jamais. Et même s’il y avait été, entre tourisme et immigration, le fossé est énorme. J’ai donc écouté son discours bien sagement et puis je suis partie.
La motivation a toujours été mon leitmotiv et un positivisme à toute épreuve qui empêche de ne broyer que du noir quand tout semble aller mal. Il y a toujours une petite lumière au bout du tunnel, il suffit simplement d’attendre de pouvoir l’apercevoir. Parfois ça prend beaucoup de temps, parfois c’est instantané.
Quand j’ai galéré à trouver du boulot après Happy Time, j’ai, pour la première fois de ma vie d’immigrante, eu envie de tout lâcher. J’ai alors pensé à la solution de facilité, rentrer. Je venais d’avoir 25 ans, j’étais au Canada depuis à peine 1 an et j’avais l’impression que trouver du travail était vraiment super compliqué à Toronto. En fait, ça l’était, je ne m’étais pas trompée. Seulement, c’est pareil pour tout le monde. Quand j’ai dit à mes parents que j’en avais marre et que j’avais émis le souhait (juste quelques minutes) de rentrer, ils m’ont dit qu’il fallait m’accrocher. Ca finirait bien par tomber.
Et puis… 3 mois plus tard, c’est tombé. J’ai trouvé un CDI dans ma branche. Depuis ce temps là, je n’ai cessé de positiver. Même quand j’ai été virée de ce CDI pour raisons économiques, même quand tout le monde pleurait au bureau de me voir partir. Non, je n’ai pas pleuré. A quoi bon ? C’était comme ça et c’est tout. J’ai vu la vie du bon côté. Ce job m’ennuyait depuis des lustres, j’en avais fait le tour et en plus j’avais droit à 2 mois de salaire puisque c’était un licenciement économique.
2 mois après j’ai retrouvé un contrat dans une très grosse boite.
Voir plus loin que le Canada
Et puis pour ne pas m’arrêter en si bon chemin, j’ai décidé qu’il était temps de bouger. 3 ans à Toronto c’était assez, j’avais envie d’encore faire évoluer ma carrière et de voir du pays. Là encore, c’est ma motivation et mon travail (j’ai passé un nombre incalculables de certificats) qui m’ont permis de décrocher un VIE. Et du courage, il en fallait quand on sait la galère que c’est pour vendre un VIE à des entreprises qui ne cherchent que des stagiaires payés au lance-pierre.
Quand j’ai annoncé à un couple d’amis que nous partions aux USA, leur première réaction a été de dire que « Quoi les USA ? Ca coûte 15 000 $ pour accoucher et tu n’as pas la sécurité sociale. Vaut mieux rester au Canada c’est vachement mieux ». De nouveau des gens négatifs qui n’avaient jamais vécu aux USA de leur vie. Le pire dans tout ça c’est que j’étais loin de tomber enceinte à l’époque et n’y pensais même pas ! Donc autant vous dire que leur discours était à côté de la plaque. Je ne leur ai d’ailleurs pas reparlé depuis et eux non plus. Pas besoin de gens négatifs dans ma vie. Et puis payer 2000 $ de crèche par mois à Toronto pendant 5 ans, c’est clair que c’était vachement mieux en effet.
Et puis le VIE est tombé à l’eau. Ca m’a beaucoup ennuyé c’est sur, je ne vais pas le cacher. Tout le monde sait que j’ai toujours rêvé d’aller vivre aux USA alors avoir du boulot à portée de main qui tombe à l’eau… évidemment c’était ennuyeux. Mais bon, c’est la vie !
Après une semaine d’interrogation, j’ai proposé à la boite de me prendre en Suisse mais ils ont voulu m’envoyer à Paris. Ah Paris… Ca nous laisserait le temps de réfléchir comme ça surtout que la boite payait le déménagement.
Rentrer en France
Etrangement quand on rentre en France, personne n’est négatif, parce que la plupart des Français à l’étranger se sont déjà posés la question de le faire et puis votre famille et vos amis ne vont pas vous dire qu’il vaut mieux rester à l’étranger quand ça fait 3 ans que vous êtes parti. Qui plus est, je ne connaissais personne qui était rentré pour de bon puis reparti. Ca allait donc être une nouvelle découverte ! Mais j’étais motivée ! J’avais envie de voir où tout cela nous mènerait et surtout si Mister trouverait un bon boulot dans sa branche.
Mister a trouvé au bout de deux mois et j’ai démarré mon premier CDD de 6 mois. J’ai bien senti que pour m’envoyer aux USA, la boite n’allait pas trop se bouger les fesses. J’ai donc moi-même contacté Ubifrance et puis j’ai contacté d’autres boites tout court pour faire un VIE ! J’en avais même trouvé deux mais je n’avais plus si envie que ça finalement… Trop d’incertitudes. Et les incertitudes j’ai un peu de mal. J’aime prendre des risques mesurés.
Finalement j’ai trouvé un boulot au Canada depuis Paris. Tout le monde dit que c’est impossible ou très difficile. Oui ça l’est, mais encore une fois, avec de la volonté et de l’expérience (et le visa qui va bien !), on peut trouver. Je ne dis pas que c’est donné à tout le monde mais c’est possible.
Cette fois la ville d’arrivée était encore plus intrigante que Toronto. Quand tout le monde nous disait que Toronto était nulle et qu’il fallait aller à Montréal, nous sommes évidemment allés à Toronto et avons suivi notre instinct. Quand Calgary s’est présentée, quelqu’un m’a dit que c’était une mauvaise idée parce qu’il n’y avait rien à faire là-bas et m’a même sorti des liens internet qui disaient que la ville n’avait aucun intérêt (oui oui !). Encore une fois, à croire qu’on allait dans un trou sans électricité ni eau courante au bout du monde. Et puis toujours cette négativité ambiante, cette peur de faire des choses qu’on ne connait pas de peur que sa vie change radicalement et qu’on perde ses acquis !
Si j’avais dû écouter les gens qui trouvaient que c’était une mauvaise idée d’aller à Toronto, je ne serai jamais partie de ma vie !
Puis repartir au Canada pour de nouvelles aventures !
Alors comme d’habitude, je n’ai écouté que mon instinct et je suis partie. Mister, grâce à son boulot en France a retrouvé du boulot en deux semaines à Calgary via un contact français (comme quoi, parfois ça aide), nous avons acheté une maison, attendons un bébé et surtout je travaille toujours pour la même boite qui m’avait recrutée par Skype ! Eux aussi ont fait un pari risqué et ne sont a priori pas déçus du résultat.
Heureusement pour nous, il y a eu beaucoup plus de gens positifs que négatifs dans cette aventure. Des copains qui nous encouragent et admirent notre motivation, des lecteurs qui me disent que mon blog est un grand bol d’air frais et puis la famille qui soutient coûte que coûte même si les paris sont toujours risqués. (Pas facile d’être les tous premiers à l’étranger)
Immigrer : les clés de la réussite ?
Les clés de la réussite sont donc les suivantes : motivation à toute épreuve, travail et surtout n’écouter que soi. Quand on pense qu’il y a une opportunité, il faut la saisir, même si tout le monde pense le contraire. Personne n’est plus à même que vous de juger si une opportunité en vaut la peine ou non.
On se crée les opportunités. Evidemment, ceux qui attendent un signe divin vont l’attendre longtemps. C’est en persévérant qu’on s’en sort. Trop de gens attendent que telle ou telle chose se passe dans leur vie pour enfin prendre une décision. Stop ! Je vous arrête tout de suite. Ce n’est pas en vous tournant les pouces que quelque chose va arriver. Il y a toujours un facteur qui déclenche l’opportunité, que ce soit le travail, les connaissances professionnelles ou autres. Rien n’est dû au hasard et ce n’est pas en restant les bras croisés que quelque chose va arriver.
Vous rêvez de partir au Canada ? Eh bien, renseignez vous ! Il y a plusieurs programmes pour immigrer ! Vous rêvez de rentrer en France mais vous n’osez pas sauter le pas parce que gnagagnagna et si ça marche pas et gnagnagna si on trouve pas de travail ? Ah ben c’est sur que vous n’êtes pas prêt de repartir… Il n’y a pas plus triste que les immigrés qui se plaignent de leur pays d’accueil et rêvent de rentrer mais ne le feront… jamais ! Si j’ai trouvé un travail en France et inversement, c’est bien parce que j’ai mis toutes les chances de mon côté et que j’ai cherché jusqu’à trouver. Parce que j’étais motivée ! Et je ne me suis pas arrêtée au fait que un ou deux entretiens n’ont rien donné. Il faut persévérer. Quand on veut quelque chose et qu’on s’en est donné les moyens, il n’y a pas de raisons que ça ne marche pas.
L’exemple le plus probant est celui de Jean-François, depuis des années au Canada, il est parti en Amérique du Sud, sans rien. Il est rentré à Toronto pour se refaire financièrement et puis il est parti aux UK de nouveau sans rien. En deux semaines il avait trouvé du boulot. Et Jean-François n’a pas 25 ou 30 ans non non. Il est quarantenaire. Et pourtant, à force de volonté et de motivation, il a trouvé. Les employeurs le sentent d’ailleurs. Si vous n’êtes pas motivé, vous ne trouverez rien c’est sur !
Encore un grand merci à ceux qui nous suivent et nous encouragent depuis des années. La réussite d’un projet est aussi basée sur les retours des gens qui vous suivent 🙂
5 Commentaires
Aminah
17 janvier 2016 at 7:14 amCoucou Lisa. Merci pour le partage de votre experience et vos precieux aux futurs immigrants que nous sommes. Je vous souhaite beaucoup de bonheur et la reussite dans vos projets futurs.
Lisa
17 janvier 2016 at 12:11 pmMerci beaucoup 🙂
Racinette
17 janvier 2016 at 11:30 pmBonjour Lisa,
C’est vraiment un plaisir de te lire. Ce que j’aime dans tes écrits, c’est cette honnêteté qui manque à beaucoup. Quand tu dis qu’il y a toujours un facteur qui déclenche l’opportunité (travail, connaissances, etc.), c’est vrai. Encore faut-il être disponible dans sa tête pour le remarquer ! Quand tu veux tout maîtriser et planifier, c’est là que tu passes à côté de la vraie vie, celle qui parfois décide à ta place. Tu vas t’installer, avoir un enfant, cela ne doit jamais t’empêcher de continuer à profiter de toutes les opportunités qui se présenteront. Une maison ça se vend, un enfant est heureux quand il est avec ses parents, peu importe l’endroit et c’est un plus pour lui d’avoir des parents ouverts !
Bonne grossesse !!
Lisa
18 janvier 2016 at 10:15 amMerci beaucoup ! Effectivement, rien n’est jamais écrit à l’avance nous concernant et si on doit partir demain, on le fera avec plaisir 🙂 Marrant quand on sait que j’ai passé 24 ans de ma vie au même endroit 😉 Comme quoi !
Christiane
29 janvier 2016 at 6:59 pmTresor bon consent !!